RDC : la seconde vie des Belges

Article : RDC : la seconde vie des Belges
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15 octobre 2014

RDC : la seconde vie des Belges

L’écho des performances économiques des trois  dernières années en République démocratique attire sans doute toutes les attentions, peut-être même certaines convoitises. Après une diplomatie assez trouble depuis quelques années, et ce malgré des réconciliations de façade, les Belges qui sans doute connaissent le Congo mieux que nul autre pays « ami » marquent leur retour. Déjà au Katanga, leur nombre augmente d’année en année. Après la mission économique de 2013, une nouvelle mission économique conduit jusqu’au 23 octobre prochain, 50 entreprises et plusieurs hommes d’affaires belges au Katanga et au Kasaï notamment, des régions riches respectivement en cuivre, cobalt et en diamant.

La mission économique et commerciale belge arrive un peu en retard au Katanga. Des espaces, mieux les carrières minières intéressantes sont déjà attribuées à Tenke Fungurume Mining, filiale de l’américain Freeport McMoRan Copper & Gold (majoritaire) et à KCC, filiale de l’anglo-suisse Glencore. Il existe bien d’autres Minings nées après la vente de la Gécamines qui faisait autrefois la puissance économique de ce pays.

Des indications rassurantes

Depuis  2003, le Katanga est passé de 13.000 tonnes de cathodes de cuivre à 942.000 en 2013. Pour le cobalt, on est passé de 8.300 tonnes à 58.400 en 2013. « Les projections pour 2014 avoisinent un million cinq cent mille tonnes », a précisé le ministre des Finances du Katanga Christian Mwando. C’est une croissance sans doute éblouissante. Selon Stéphane Dopagne, consule énéral de Belgique à Lubumbashi, le Katanga contribue avec les mines à 22 % au budget de l’Etat. C’est sans compter les autres secteurs de l’économie de la province.

Stéphane DOPAGNE, Consule belge Lubumbashi
Stéphane Dopagne, consul belge à Lubumbashi. Photo M3 Didier

C’est sans doute au regard de ce tableau reluisant que les Belges qui connaissent le Katanga et le Congo, tentent d’opérer leur rentrée. Déjà, ils ont repéré des secteurs presque vides ou sans investissement sérieux, de non moindre importance : probablement les mines, l’énergie, le transport, l’agriculture …

Les mines, mais aussi l’énergie

Les activités minières restent, à ce jour, incontournables au Katanga. Déjà le thème du séminaire lancé ce 13 octobre à Lubumbashi dit tout des intentions des quelque 50 entreprises belges arrivées au Katanga, en mission économique : « Mines et énergies ». En plus des mines, les Belges espèrent se lancer dans la production et la vente de l’énergie. Ils s’y connaissent mieux ! La plupart des barrages hydroélectriques de RDC restent des réalisations de l’Etat colonial, le Congo-Belge.

A Lubumbashi, mieux en RDC, la Société nationale de l’électricité (SNEL) est fortement dépassée par les demandes toujours croissantes. D’abord celles des miniers et autres industriels, mais aussi celles des villes qui n’arrêtent pas de croître. Forcé Contraint de casser le monopole dans l’exploitation et la vente de l’énergie électrique, l’Etat est sur une voie qui pourrait, si cela tient et réussit, booster son économie.

Christian MWANDO, Ministre Finances Katanga
Christian Mwando, ministre des Finances et de l’Economie, Katanga. Photo M3 Didier

Les belles performances économiques ci-haut portées sont freinées par l’insuffisance de cette énergie. Parfois elle existe, mais pas comme les miniers voudraient l’avoir. Il se fait qu’il y en a qui en ont parfois abondamment pendant que d’autres souffrent pour réaliser leurs tâches. D’où cet appel de Christian Mwando : « Nous encourageons les hommes d’affaires belges, à pencher sur ce traineau que le législateur a décidé de libéraliser en rompant notamment, le monopole de la société nationale de l’électricité. »

Les Belges sont de retour

Plus qu’un simple lien historique par la colonisation, la Belgique espère progressivement reprendre sa place, sinon redevenir  importante… dans les échanges économiques entre la RDC et le reste du monde. Longtemps après la colonisation, les produits miniers congolais ont continué à faire fonctionner les usines belges, sans gisements actifs des minerais en Belgique. Au cours des années de moins bonnes relations diplomatiques, de Mobutu à Joseph Kabila, la puissance coloniale a dû souffrir de cette dépendance des matières premières congolaises. Le Congo a bien réussi à exploiter cette faiblesse belge. Mais parfois à ses dépens.

Si le gros des carrières a déjà été attribué, il reste que les Belges attendent la ou les leurs ! Sans verser dans la polémique colonialiste ou dé-colonialiste, j’estime que les Belges n’arrêtent pas de penser que le Congo c’est chez eux. C’est d’ailleurs le même sentiment qu’éprouvent plusieurs Congolais qui se rendent en Europe. Ils sont nombreux à choisir la Belgique comme destination plutôt que le reste de l’Europe. Cela illustre bien les liens qui unissent les deux pays. Mais il y a dans l’œil du Belge, un certain souci inavoué de « reprendre », « récupérer… » ! Ah oui, c’est normal quand on a été le premier de se considérer comme privilégié.

Mais je crois bien que ce retour devra gêner à un certain moment. L’Occident semble se départir difficilement de certaines habitudes coloniales ou postcoloniales. Sans doute quelque chose a changé, mais la gêne…

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