Cette France rebelle, Mende sait par où l’avoir

Article : Cette France rebelle, Mende sait par où l’avoir
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28 janvier 2015

Cette France rebelle, Mende sait par où l’avoir

Kinshasa n’est pas content de « la complaisance » dont bénéficient les adversaires politiques de Joseph Kabila dans les rédactions de France médias monde, c’est-à-dire, à Radio France internationale et à France 24 en l’occurrence. Le porte-parole du gouvernement congolais l’a dit au cours de l’interview diffusée sur France 24 le 26 janvier, disponible sur Youtube. Seulement Mende oublie qu’en France, la presse n’est pas malmenée comme en RDC.

Mende sur France 24
Lambert Mende, à gauche, invité de France 24 le 26 janvier 2015. Capture d’Ecran.

Ce que les français ne comprennent pas en entrant en territoire sous occupation c’est qu’il faut respecter le droit ou la justice du premier occupant. Si avait la possibilité d’arrêter ces ondes tapageuses qui immigrent clandestinement de Paris à Kinshasa au point d’agacer les dirigeants, il les aurait supprimées définitivement. Les français sont peut-être convaincus que les libertés sont sans frontières, un peu comme les ondes, sans couleurs et surtout que tout le monde y a le plein droit. Mais au Congo-Zaïre, on sélectionne ce que l’on peut accorder.

Répandre la honte à l’échelle internationale

Quand par exemple ça crie dans les rues « #Telema » (debout, arrête-toi), on sort des chars de combats que Beni désire ardemment ! Les cameras, dictaphones et œil et oreilles des reporters sont déjà les malvenues. C’est une loi qui doit se connaître quand on est journaliste. Mais elle n’est inscrite nulle part.

La presse locale ainsi tétanisée, on a affaire aux adversaires politiques du président. Lambert Mende n’échappe pas à un amalgame. Tout le monde revoudrait à Kinshasa, même la presse française : « Nous sommes surpris de la complaisance dont ils (les adversaires politiques de Joseph Kabila) bénéficient dans vos rédactions (de France média monde). » Pour lui, être non complaisant c’est ne pas faire parler les opposants, ou faire entendre des voix discordantes. Vive la « démoncratie »!

Mende
Lambert Mende, à gauche, invité de France 24 le 26 janvier 2015. Capture d’Ecran

Une conspiration française contre Kinshasa ?

Kinshasa est donc convaincu qu’il se trame un projet de sape contre le régime de Kinshasa. France médias monde énerve. La journaliste qui menait l’interview de Mende le 27 janvier sur France 24 a été un peu décontenancée par l’attitude du ministre Mende qui l’a plus de deux fois interloquée, comme cette fois lorsqu’elle donne le bilan des violences des derniers jours en RDC : « 12 morts selon le gouvernement congolais… », Mende lance sèchement, non sans ironie : « 14 ! ». La journaliste poursuit : « 42 selon la Fédération internationale de la justice… », Mende insert encore : « qui est à Paris », pour confirmer son opinion hostile à ce qui se passe à Paris.

Regardez ici la vidéo de France 24: RDC – Lambert Mendé : « Ceux qui voulaient faire du Congo un nouveau Burkina-Faso ont eu tout faux »

En réalité, lorsque Mende parle de France média monde à juste un œil sur le Quai d’Orsay sous la tutelle duquel sont placées RFI et France 24. Mais ce n’est pas exactement comme la tutelle qu’il exerce lui sur la RTNC et sur les médias privés en RDC. RFI fait déjà des frais de l’appel de Paris à respecter la constitution. Ses émissions ont été coupées en FM à Kinshasa durant plus d’un jour. C’est la pression qu’il sait exercer pour obliger le gouvernement Français à desserrer l’étau sur Kinshasa.

Double face

Parler sur RFI ou sur France 24 comme Mende l’a fait, cela plaît à tous les dirigeants africains, si non grand nombre d’entre eux. Cela leur donne une certaine visibilité et un accès auprès d’un public que n’offrent pas les médias locaux qu’ils ont facilement à leur guise. Mais lorsque la même opportunité est donnée à l’opposition ou à ceux qui critiquent, c’est la pagaille. On arrive alors à couper le signal du média du pays qui dérange, comme cela est arrivé plusieurs fois à RFI en RDC ou à BBC au Ruanda. C’est souvent une preuve qu’il y     a des choses à cacher. L’essentiel est de diriger selon le droit et non la volonté des dirigeants. Les médias étrangers n’ont rien de mal : ils ne sont pas à l’origine de nos maux. Ils sont souvent appelés par ceux-ci.

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Commentaires

Serge
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Lambert Mende est devenu un boulet pour le kabilisme (je ne parle même plus de Kabila). Il faut maintenant que les politologues s'attèlent à comprendre la gouvernance façon Kabila, dont j'ai indiqué que le coup d'Etat blanc était le modus operandi...