Il n’y a de l’emploi que pour peu de citoyens

Article : Il n’y a de l’emploi que pour peu de citoyens
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RDC
2 janvier 2015

Il n’y a de l’emploi que pour peu de citoyens

« Beaucoup sont appelés, seulement peu sont élus. » N’ouvrez pas l’évangile. De l’emploi et cette parole du Christ, c’est pareil. Si l’on ne fait pas attention, les gens sérieux vont disparaître de cette terre. Il y a offre d’emploi : comment figurer parmi ces heureux élus ? Vous ne le croiriez pas. Cette histoire n’est pas une fiction.

Parti politique pour un emploi

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Une demandeuse d’emploi remplit son CV au Jobdays de Lubumbashi, septembre 2014

Il y a environ deux semaines, j’ai croisé par un hasard une « liste », au cours d’une visite chez un ami. Elle contenait les noms des personnes prétendument « qu’on va embaucher. » Dieu merci, je rêvais d’une carrière dans la fonction publique. Même si ça ne paie pas bien, mais ça dure !

Mais hélas, je n’en avais pas le droit ! Pourquoi ? « C’est réservé aux membres de notre parti. » La chance était là encore, à condition j’eusse voulu payer une carte de membre, « membre d’honneur » par exemple. Cela implique des contributions financières mensuelles conséquences « pour les activités du parti ». Comme je ne peux pas entrer en politique, je dois oublier que j’ai rencontré « une belle opportunité. »

Lorsqu’il y a un nouveau gouvernement, c’est l’occasion pour les partis qui y sont représentés, de gratifier des militants « fidèles. » Quant à la signification de cette « fidélité », il faut entrer dans  le cœur, si non dans la tête des leaders influents. Car les cousins, copines et membres de « chez nous » parfois passent avant toute chose.

« Le sérieux », une espèce menacée de disparition

Il y a plusieurs mois, le ministère du travail lançait une campagne de recrutement pour l’Ecole nationale de l’administration (ENA). Dans son message, le ministère insistait sur « la méritocratie » comme unique base de recrutement. Déjà le départ était douteux. « A bon vin, disent les français, point d’enseigne ! » Cela ne valait donc pas la peine, il fallait juste agir.

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Une demandeuse d’emploi remplit son CV au Jobdays de Lubumbashi, septembre 2014

Le jour du test, à Lubumbashi, deux occidentaux, homme et femme, supervisaient les épreuves. Ça donnait l’air sérieux ! Respect de l’heure, silence, pas de triche… Mais que savaient-ils du déverrouillage de tout ce sérieux ? Les pauvres!

J’attendais donc la sortie des candidats. Arrive un jeune homme bien habillé que je connaissais depuis le campus. Il me confie : « mon oncle m’a demandé de l’appeler et de lui envoyer le numéro de ma copie après le test. » Les candidats en effet, avaient à la place de leurs noms, des codes chiffrés. Cela devait éviter des influences sur les correcteurs. Mais code était déjà décrypté avant même le test !

Un autre, visiblement faible, compatit sur les connexions fortes de sa tente. Enfin, le dernier lui, appartenait à une jeunesse d’un parti politique qui l’avait recommandé et y croyait fort comme pierre. Encore une fois, il faut entrer en politique pour trouver un emploi. Déjà ma caméra faisait de moi  un type à éviter. Vint alors un illustre inconnu qui ne comptait que sur ce qu’il sait. « On a dit que seule la méritocratie compte. Si c’est pareil, alors je réussirais. J’ai la foi, surtout que j’ai vu les blancs… ». Là était enfin ouverte.

SOS

Ah, les autres ! Qu’ils aillent se faire voir. Ils peuvent aussi prier Dieu ou aller se rabattre sur les « petits travaux » de misère. Nous reste-t-il encore des citoyens sérieux ? Sans doute que oui ! Mais très peu. Unesco, que dis-je, ONU Population, vient sauver cette espèce en voie de disparition.

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