Riches et pauvres, tous pareils !

Article : Riches et pauvres, tous pareils !
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26 février 2015

Riches et pauvres, tous pareils !

L’électricité. Ce bien à l’origine de plusieurs transformations et innovations est pourtant inégalement accessible en RDC, un pays capable d’alimenter toute l’Afrique et l’Europe méditerranéenne, raconte-t-on. Chacun s’en sert comme il l’entend. Riches et pauvres, les deux, ils sont à l’origine de leur malheur !

Ampoules économiques
Des ampoules allumées dans un poste de la SNEL. Septembre 2013. Ph. M3 Didier

On a beau être propriétaire du plus puissant barrage hydroélectrique d’Afrique : Inga. Il faut être riche pour avoir accès à l’électricité, vite-vite ! Mais les choses ont changé. L’apartheid à propos du courant électrique n’a pas eu beaucoup de chance à Lubumbashi. Cela pour trois raisons majeures.

La 1re raison. Lubumbashi n’est pas facilement polarisable dans un schéma Nord-sud. L’indépendance acquise le 30 juin avait permis à plusieurs clercs congolais, les évolués alors, de remplacer les blancs et de « jouir ». Ce jour-là, ils quittaient les cités des noirs pour vivre dans la ville européenne. Mais quelle gaffe ! Ils arrivaient à 6 ou une dizaine avec (cousins, oncles, camarades et beaux-frères !) dans des maisons qui ne contenaient que 3 ou 4 personnes. Saturée aujourd’hui, cette ville jamais refondée énerve et ennuie. Les nouveaux riches (venant aussi des quartiers anciens) repartent dans les périphéries. Et comme pour le moment la vie au Congo c’est au Katanga notamment, Lubumbashi étend inexorablement ses tentacules. Où ils vont, ils appellent l’électricité et elle répond sans tarder. Les moyens eux vont où l’électricité est disponible.

La deuxième raison c’est exactement lié à cette extension de la ville. Les fiefs des pauvres ainsi envahis par les riches voient la lumière. Eau et électricité arrivent sans tarder donc. Mais souvent c’est sans aucune planification comme d’ailleurs pour ce qui concerne les lotissements sur lesquels ils bâtissent. Deux mots clés pour ces réalisations inimaginables hors de la société de l’électricité et la régie des eaux REGIDESO) : arrangement et relations. Si on sait le faire, tout devient facile. Alors c’est vite fait : on ne manque de rien. Peu importe que cela surcharge ou non le réseau de distribution !

La troisième raison elle, tient à l’organisation même de l’entreprise. Vétuste, vielle et obsolète ! Pourtant, elle engrange des sommes mirobolantes d’argent en vendant de l’électricité aux miniers et aux pays voisins : Congo, Gabon, … et Zambie. Celle-ci revend cette électricité à la RDC pour une partie du Katanga. Ne rigolez pas ! Bref, la SNEL est incapable de satisfaire une ville dont les proportions sont passées des simples aux compliqués en 50 ans d’indépendance sans aggiornamento. Dépassée ? Pourtant elle est fort payée !

Ces pratiques qui coûtent cher                       

SNEL VITE DES AGENTS 3
Des agents de la SNEL en visite dans une cabine électrique. à Lubumbashi. Septembre 2013.

Un chercheur de l’Université de Lubumbashi a descellé plusieurs de ces pratiques qui haussent la perte en énergie électrique à Lubumbashi : Bonaventure Banza. L’absence de planification du réseau de distribution de la SNEL rend impossible tout travail de surveillance. La qualité ne peut qu’ainsi se détériorer. La facturation elle-même pour le réseau domestique est forfaitaire pour la grande partie de la ville : pas de compteur. Ceci implique la fraude et le détournement, puisqu’il il y a moins de fiabilité et de tarçabilité.

De la part des consommateurs, modernité oblige, on s’équipe des appareils ménagers que Bonaventure Banza trouve « énergivores » : climatiseurs, congélateurs, fours, téléviseurs, sans considérer les lampes qui restent allumées durant le jour sans raison. Dans ses enquêtes, il a relevé aussi que les pauvres eux aussi ne sont pas innocents dans ce gâchis. Ils ont leurs appareils qui consomment parfois plus d’énergies que chez les riches. Ce sont souvent des appareils ménagers sous pression ou vétustes, bricolés ; des raccordements frauduleux et des postes à souder. Ils combinent ainsi dans le résidentiel le commercial, sur un réseau alors non adapté. Voilà qui suffit pour compliquer toute amélioration de qualité de l’énergie électrique. Le résultat est simple : coupures intempestives et parfois incendies.

Bonaventure Banza qui poursuit encore ses recherches sur l’électricité dans son volet social suggère des voies de sorties. C’est notamment un changement des mentalités, de pratiques. Cela se passe à trois niveau : le pouvoir public qui a la vocation de remettre de l’ordre dans la boutique, la SNEL qui a le devoir de repenser son réseau de distribution de l’électricité et de surveillance et enfin, les consommateurs, « riches et pauvres tous pareils ! » appelés à abandonner des pratiques destructrices. Pourvu que Bonaventure Banza soit lu, compris et écouté.

Vous pouvez lire ici mon reportage sur la conférence tenue le 23 février par Bonaventure Banza..

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Commentaires

Étudiant GLOIRE TSHIMALI de la faculté de L'E.S.I/UNIL
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je suis toucher par cet article et je pense si la SNEL prener toutes les dispositions il y aura aucun défaillance sur nos site,qu'il repense encore