Les lits en pailles pour les malades de choléra au Katanga
Une case en chaumes, transparente et ouverte aux intempéries, quatre piquets surmontés des traverses, le tout couvert des pailles, voilà le cadre d’urgence dans lequel sont accueillis les malades de choléra à Mukana, dans le territoire de Mitwaba, au nord de la riche province du Katanga. C’est en RDC.
Lieu de restauration, de repos ou simplement du supplice ? Dans ce fameux centre d’isolement et de traitement des cas de choléra, les lits sur lesquels « reposent ? » les malades sont couverts des pagnes, un seul par lit occupé, à Mukana, un village situé à 5 km de Mitwaba, dans la zone de santé de Mufunga Sampwe. Sur 24 cas de choléra recensés, 4 ont trépassé. Loin de là, au siège de l’aire de santé de Kyubo, à Kyubo, se trouve un centre de santé bien différent des ruines qu’inspire le premier. Là, plus de 100 personnes ont été frappées par le choléra le mois de février dernier. La situation se clame, mais pas pour l’administration de la santé et le respect des droits humains.
Suivez ici le reportage Vidéo sur le choléra.
Un coin abandonné ?
Souvent, ces centres manquent de matériels nécessaires pour maintenir l’hygiène et l’asepsie. Les médicaments même manquent. Face au choléra, le salut vient des humanitaires qui amènent parfois avec retard (puisque la route est à certains endroits inexistante) des médicaments nécessaires pour essayer de sauver des vies.
Un centre de santé, en effet, ça devrait rassurer, redonner l’espoir de vivre aux patients. Mais lorsqu’on ne vit que de l’aide à la place des politiques publiques, la mort n’est pas loin lorsqu’il s’agit d’épidémie. Encore que là, il s’agit d’une contrée appelée « polygone de la mort », « triangle de la mort » ! L’autorité de l’Etat s’y fait moins sentir. L’administration locale réduite à l’impuissance, sans ressources nécessaires, ne peut que constater les dégats, pas poser des actions salvatrices. Ce sont donc des ONG qui essaient de redonner espoir à des patients qui parfois ont été obligés de quitter leurs milieux de vie, en fuite devant les groupes armés qui pullulent le nord du Katanga où se vit une crise oubliée de tous.
Une partie du problème : les infrastructures
Plutôt que de constituer une solution, les centres de santé dans cette région font partie du problème. On se demande à quel siècle remonter et dans quel pays pour trouver un spécimen aux structures sanitaires qui accueillent les patients de choléra à Mukana et Kyubo. L’eau propre est rare, l’eau potable un concept inexistant dans plusieurs coins de la région. Les habitants consomment l’eau des rivières, faute de mieux. Une de ces rivières, explique un journaliste qui revient de la région, est traversée assez régulièrement par des vaches élevées en amont, en transhumance vers de nouvelles prairies.
Un rapport Unicef-RDC révèle que seuls 48% des ménages katangais ont accès à des sources d’eau aménagées, contre 12% en ce qui concerne l’utilisation des installations sanitaires améliorées. Lorsqu’on s’éloigne des centres urbains, le fossé s’alourdit davantage. Voilà qui ne manque pas d’énerver les microbes à l’origine de plusieurs maladies.
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