Le secret des Massaï et tous les mythes de la sexualité

Article : Le secret des Massaï et tous les mythes de la sexualité
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12 mai 2015

Le secret des Massaï et tous les mythes de la sexualité

La sexualité régule-t-elle nos vies ? A Lubumbashi, on semble fort s’en préoccuper. A 39 ans le glas d’un règne éphémère sonne, débandade pour les plus âgés, vous voyez ? Imaginez de quoi se préoccupent les jeunes ?

Par où commencer ? Mon séjour au village ou les Massaï bien aimés de Lushois ? Ah, les Massaï. Ces cousins connus pour leur originalité, –Tata Mobutu dirait « Authenticité »–, ils visitent régulièrement des bureaux climatisés à Lubumbashi. Non, ils ne vont pas vendre des sandales en cuir. Pour ça, ils ont des coins de rues. Oh, les médecins. Ils fournissent des « remontants ». « Personne ne les arrête : ils passent directement voir le chef, dans son bureau ». S’ils sont intéressants, explique un homme qui a consommé leurs aphrodisiaques, c’est parce qu’ils ne trompent pas. Ils proposent parfois « des trucs rares » comme les cornes de rhinocéros. « Mais les Tradi locaux sont parfois menteurs. »

Vous avez dit que les Congolais sont pudiques ?

Affiche publicitaire d'un tradipraticien à Kisangani (RDC) | Source: France 24, Les Observateurs
Affiche publicitaire d’un tradipraticien à Kisangani (RDC) | Source: France 24, Les Observateurs

Mais ils ne sont pas seuls, les Massaï. D’ailleurs, ils énervent les « médecins » Tradi (traditionnels) désormais obligés d’investir dans des campagnes publicitaires interminables à la quête d’une clientèle détournée. Peine perdue, car en effet, « à bon vin, point d’enseigne » disent les Français. Quand on a connu les vertus de la médecine massaï, sans tambours battants, pourquoi perdre son temps chez ceux qui rivalisent de publicité ? « Nous soignons toutes maladies », « maman, nous avons le secret pour garder papa à la maison », « nous soignons les faiblesses sexuelles, l’impuissance sexuelle, les éjaculations précoces … »

Ah, les mots ont été lâchés. Faiblesse, Impuissance sexuelles. Des médias nombreux, l’audiovisuel, réservent des heures tardives aux émissions prétendument « des adultes. » Mais il faut par un hasard vous aligner sur un canal TV ou radio à minuit, 1 heure ! Du sexe, de l’intimité parfois crue. Et ce sont les jeunes qui appellent ! Il semble que le sexe soit réellement un vrai problème de société. Encore que nombre des Congolais, par (fausse) pudicité, n’en parlent pas à leurs ados. Mais quel ravage quand ils le découvrent dans la rue ou rencontrent ces médecins qui parfois arrêtent des jeunes sur la route ? « Sokola mokongo », entendez : nettoie ton dos, m’interpellait une femme (la quarantaine) sur la route, me proposant un tas de racines. « Elle va t’apprécier avec ceci », « si elle ne pleure jamais, prends ceci et tu verras » a-t-elle poursuivi, changeant de recette. « Holà ! Je ne vous ai pas dit que je suis malade, madame » ai-je crié, gêné. Mais un autre jeune se plaçait juste à côté de moi et commandant illico, « poudre, racine», avec des noms précis. Un véritable connaisseur. Elle allait le sentir, sa femme ! Oh, la pauvre. C’est de la violence inédite.

Victimes, les femmes ?

Vous vous demandez ce qu’en disent les femmes ? Quelle est cette femme qui voudrait que son mari se couche, tourne et se retourne sans aucun geste ? « Allez voir votre frère, il ne fait rien depuis que je suis là, voici deux mois. Je ne suis pas venue chez mon cousin ici », rapporte une la colère d’une mariée dont l’époux « se lave, mange, prie et s’endort « simplement » » depuis son mariage. Mais il semble aussi que les meufs admirent quand ça dure ! Un « médecin » Tradi rapporte que les femmes  viennent le consulter plus que les hommes, sur initiative propre et quelques fois envoyées par leurs maris. « Elles détestent les éjaculations précoces ». Mais parfois les hommes en font tellement trop au risque d’ennuyer. Au pub, ils glissent des poudres dans leurs verres.

Une publicité a vite été retirée de l’audiovisuel en 2013 à cause de son caractère extrême et un peu poli. Elle présentait une femme à la quête des aphrodisiaques chez un Tradi parce que son mari n’était plus efficace. Après avoir consommé les produits, on a vu la femme, couverte juste d’un pagne à peine sortie du lit, en fuite devant le félin pourchassant sa proie. « Sa virulence déborde », criait-elle. Pour les jeunes, les hommes ayant découvert ces choses-là dans la rue, c’est l’image d’un vrai homme. Alors les jeunes filles en font les frais ! Résultats, à 35 ans déjà, plus assez de ressources ! A 39, le glas de l’insuccès sonne.

Sur moi, la démonstration

Enfin, ce témoignage d’une femme que j’ai vu soigner l’impuissance sexuelle dans un village de Kapanga, près de Kalamba dans le Katanga, en RDC. Une vielle dame, environ 80 ans, savait encore se tenir debout et aller chercher des plantes rares dans la forêt et dans la savane. Véritable médecin, traitant l’impuissance sexuelle, la dame était connue pour ses résultats. Et pas seulement. Surtout, elle exigeait du patient guéri, une démonstration sur elle-même. Elle seule savait évaluer les nouvelles performances du patient avant de le déclarer guéri. Une nouvelle mariée était coincée entre le désir de voir son homme vraiment Homme grâce au seul espoir que représentait ce docteur Tradi. Mais à l’idée que son homme devait tester sur cette vielle, elle était folle de colère.

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Commentaires

Albert KAMDEM
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ce que je sais, c'est que ce commerce de la performance se porte tres bien dans nos contrees... et pas seulement !

fataki emmanuel
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oui c'est interescent mais je peut avoir votre adresse pour vous appeller ?