Diplômes et leurs détenteurs ne se reconnaissent plus

Article : Diplômes et leurs détenteurs ne se reconnaissent plus
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24 juin 2015

Diplômes et leurs détenteurs ne se reconnaissent plus

Si l’on n’y prend garde, c’est l’avenir même du Congo qui risque est compromis. « Deux élèves sur dix savent à peine lire et écrire » et le diplôme d’Etat (le bac) ou le certificat de fin d’études primaires ne témoignent pas des capacités de leurs porteurs. Diplômes et leurs détenteurs ne se reconnaissent plus. L’ONG Bureau d’action et d’éveil culturel à l’éducation (BAC) qui a lancé cette alerte crie au « génocide intellectuel ».

Source: fr.freepik.com
Source: fr.freepik.com

Bref, l’école congolaise n’est plus trop dans son rôle. Maker Mwangu n’a pas du tout rigolé, en apprenant ce jugement « trop fort » pour lui. Ce ministre de l’Enseignement primaire, secondaire et professionnel a sans doute  transformé en l’améliorant, l’école congolaise, depuis son avènement, voici près de 10 ans. Pour lui, on apprécie encore les diplômes de RDC, à l’étranger. Mais que peu de personnes pour le croire. Karem lui dit qu’en Belgique ou en France, les diplômes congolais ne sont pas acceptés directement. Un congolais diplômé en RDC doit « passer par des cours supplémentaires », ajoute Guy de Struer. Enfin, Sandos, enseignant, dénonce une sclérose, du surplace peut-être :

« Pendant plus de 30 ans, le programme scolaire est toujours le même avec les mêmes manuels alors que la société évolue… On continue par exemple à enseigner que le Zaïre est le 1e producteur africain d’huile de palme alors qu’on ne produit plus rien… il faut revoir notre système d’éducation, il ne sert plus à rien. Il nous faut une « ECOLE pour le développement ». » Ecole pour le développement contre son contraire !

Une arnaque

Source: www.congoopportunities.net

Si parmi elles on ne peut douter du sérieux de ces écoles devenues des références, toutes pourtant semblent à un moment, marcher de la même manière. Plusieurs vendent au lieu de donner, d’instruire de manière utile, en effet. Si donc l’école des pauvres et des petits n’attire pas, les écoles sérieuses sont privées, élitistes, étrangères et toutes prohibitives. Ici, prend alors forme l’alerte de l’ONG BAC lorsqu’elle crie au « génocide intellectuel ». S’ils ne les envoient pas à l’étranger (Occident), en effet, ceux qui ont des moyens inscrivent leurs enfants dans les écoles française, belge, anglaise, américaine, et même chinoise ! L’école congolaise, c’est pour les autres ! … les « élites!

Mais il semble, malgré le grand nom de leurs écoles, que les élites ne sont pas si élites grâce aux écoles fréquentées. Puisqu’à l’université, les villageois ont souvent surpris, fait remarquer un enseignant. Le secret réside peut-être en ceci : il y a une espèce de honte d’être élite parmi les cancres ! Qui pour vous comprendre, en effet, si vous ne risquez de ressembler à votre entourage ! Alors, le sentiment qu’on paie cher pour simplement que son enfant parle un bon français, ce qui pourtant est à la portée de « tout le monde » à Lubumbashi !

Plus chère que l’université

Cela sent-il aussi l’arnaque, lorsqu’en maternelle, on paie plus cher qu’à l’université ? 70 dollars le mois pour un seul enfant, sans compter le transport, les documents scolaires, et certains vêtements payables seulement à l’école, en plus ? Des écoles pour s’en faire plein les poches, le pognon. Tout s’achète, en effet, et l’école vend tout. Cela vous embête, voyez ailleurs.

L’école se meurt

Ecole, Dungu-centre, en Province Orientales. ource radiookapi.net
Ecole, Dungu-centre, en Province Orientales. ource radiookapi.net

L’environnement d’étude lui-même ne facilite pas le travail de qualité et le sérieux, dans les fabriques privées, pièges d’argent. Pas de cour intérieure où se récréer. Deux ou trois écoles pour les mêmes bâtiments. Une classe de 10m sur 7 qui reçoit jusqu’à 50 élèves ! Et tant pis pour les cancres : pas de suivi! Quant à la correction des copies d’examen ou travaux pratiques, Dieu seul sait si le temps est toujours là pour tout lire. A l’interrogation, « on ne pose pas plus de trois questions dans ces classes », explique un enseignant. Des écoles sans livres et des livres selon chaque enseignant ! Ecoles sans bâtiments et des bâtiments servant pour deux ou trois établissements scolaires différents !

Des écoles où l’on retient les élèves peu performants, et ces parents qui encouragent les enfants faibles à reprendre les classes, ils disparaissent à la même vitesse que les espèces en voie d’extinction en RDC. Seule excuse : « l’école coûte cher, nous n’avons pas d’argent pour payer deux fois la même école. » Course au diplôme, aux titres académiques, avec espoir qu’on trouve « un boulot bien », … mais hélas, avec un bagage que ne recherche parfois pas l’employeur. On espère engager un secrétaire : il cachera toutes les misères du chef et fera tout.

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