Kipushi, une fillette de 10 ans meurt pour 0,27$ dans une carrière
« On ne parle pas de corde dans la maison d’un pendu », eh bien, ne parlez pas non plus de droit de l’enfant dans une famille où le « tout le monde doit travailler ! » est une règle de survie. Recourir aux services de l’enfant, ce n’est peut-être pas une méchanceté, mais un appel à la survie, à la solidarité. Solidarité, en effet, c’est pour un repas, le soir venu. Mais quand c’est le péril qui guette, la mort comme c’est arrivé à la petite Marie-Auguy, c’est chacun individuellement, et les larmes pour tous.
Lundi 13 juillet 2015, Marie-Auguy, une fillette de 10 ans, se rend comme nombre de gamins de son quartier, dans une carrière abandonnée, à proximité du Puits Cinq, à la Gécamines de Kipushi désormais en ruines. Elle espère, comme sa mère qui la rejoindra un peu plus tard, ramener un peu d’argent pour vivre. Son travail consiste à fouiller dans les remblais d’une carrière minière abandonnée, des moellons, des graviers à vendre. Elle travaille pour un pasteur, son pasteur ! Enfants et adultes exploités se serrent les coudes.
Le gérant d’une « mini entreprise » de fabrication des graviers, qui entre-temps a bâti son petit empire dans la carrière, renvoie la fillette compléter sa charge journalière « pour bien la payer », explique la mère. Mais la petite fille tombe dans un trou. Plus d’espoir, Marie-Auguy s’est éteinte. Sa grand-mère qui l’accompagnait a les jambes fracturées et des blessures à la hanche. La vieille dame a été admise dans un hôpital.
La mort pour 0, 27 dollars
Deux seaux (environ 30 kg) pour 250 francs congolais, environ 0,27 dollar américain. C’est en voulant remplir deux seaux, comme demandé par le patron (gérant du pasteur) pour atteindre 500 FC (soit environ 0,5 USD) que la petite Marie-Auguy a trouvé la mort. Et l’employeur est loin de se contenter de seaux remplis de moellons. Il faut en plus les écraser, à l’aide d’un marteau ou d’un fer. Et cela sans protection ni pour les yeux, ni pour la tête, sous un soleil qui ne connaît pas de nuage en cette saison sèche. Le pasteur et son gérant sont loin de réaliser qu’ils exploitent des mineurs.
Une enfance volée
Dans une mine, les travailleurs sont adultes. Mais dans cette région de Kipushi entre survie et mort, le choix est clair. Se débrouiller est une règle. Alors, adieu droits de l’enfant. Adieu enfance !
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