Kipushi, une fillette de 10 ans meurt pour 0,27$ dans une carrière

Article : Kipushi, une fillette de 10 ans meurt pour 0,27$ dans une carrière
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16 juillet 2015

Kipushi, une fillette de 10 ans meurt pour 0,27$ dans une carrière

« On ne parle pas de corde dans la maison d’un pendu », eh bien, ne parlez pas non plus de droit de l’enfant dans une famille où le « tout le monde doit travailler ! » est une règle de survie. Recourir aux services de l’enfant, ce n’est peut-être pas une méchanceté, mais un appel à la survie, à la solidarité. Solidarité, en effet, c’est pour un repas, le soir venu. Mais quand c’est le péril qui guette, la mort comme c’est arrivé à la petite Marie-Auguy, c’est chacun individuellement, et les larmes pour tous.

Des enfants en train de casser des pierres dans une carrière minière à Kipushi | Capture d'écran, le 15.07.2015
Des enfants en train de casser des pierres dans une carrière minière à Kipushi | Capture d’écran, le 15.07.2015

Lundi 13 juillet 2015, Marie-Auguy, une fillette de 10 ans, se rend comme nombre de gamins de  son quartier, dans une carrière abandonnée, à proximité du Puits Cinq, à la Gécamines de Kipushi désormais en ruines. Elle espère, comme sa mère qui la rejoindra un peu plus tard, ramener un peu d’argent pour vivre. Son travail consiste à fouiller dans les remblais d’une carrière minière abandonnée, des moellons, des graviers à vendre. Elle travaille pour un pasteur, son pasteur ! Enfants et adultes exploités se serrent les coudes.

Le gérant d’une « mini entreprise » de fabrication des graviers, qui entre-temps a bâti son petit empire dans la carrière, renvoie la fillette compléter sa charge journalière « pour bien la payer », explique la mère. Mais la petite fille tombe dans un trou. Plus d’espoir, Marie-Auguy s’est éteinte. Sa grand-mère qui l’accompagnait a les jambes fracturées et des blessures à la hanche. La vieille dame a été admise dans un hôpital.

La mort pour 0, 27 dollars

Des seaux de graviers : 250 FC, un seul | Capture d'écran, le 15.07.2015
Des seaux de graviers : 250 FC, un seul | Capture d’écran, le 15.07.2015

Deux seaux (environ 30 kg) pour 250 francs congolais, environ 0,27 dollar américain. C’est en voulant remplir deux seaux, comme demandé par le patron (gérant du pasteur) pour atteindre 500 FC (soit environ 0,5 USD) que la petite Marie-Auguy a trouvé la mort. Et l’employeur est loin de se contenter de seaux remplis de moellons. Il faut en plus les écraser, à l’aide d’un marteau ou d’un fer. Et cela sans protection ni pour les yeux, ni pour la tête, sous un soleil qui ne connaît pas de nuage en cette saison sèche. Le pasteur et son gérant sont loin de réaliser qu’ils exploitent des mineurs.

Une enfance volée

Dans une mine, les travailleurs sont adultes. Mais dans cette région de Kipushi entre survie et mort, le choix est clair. Se débrouiller est une règle. Alors, adieu droits de l’enfant. Adieu enfance !

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Commentaires

Emmanuel LEU T.
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c'est vraiment déplorable, la pauvre petite fille. c'est grave de voir que cette carrière est connue de tous,autorité, ONG et autres. Malheureusement on les entends que devant ce genre de drame, c'est parfois révoltant.t

Didier Makal
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Dommage. Merci cher Emma. C'est clair que le site même n'est pas sécurisé. on y entre et on en sort comme on veut

Senioriales
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Merci d’avoir éclairé ma lanterne ! bravo mon cher

Didier Makal
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Je vous en prie. merci de vous être intéressé à mon blog. J'espère vous y revoir bientôt.

VALADE Pierre
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J'ai travaillais 5ans dans les mines du Katanga (Shaba) de 1968 à 1973 dont 3 ans à la mine MPL (mine patrice
Lumuba ex mine prince léopol )j'occupais le poste de chef électricien dans cette mine. A cette époque cette mine
Qui atteignait une profondeur de 850 mètres était excessivement riche en minerais de cuivre , cobalt ,germanium , etc . Certains disaient c'est un scandale géologique .L'union minière ,à la demande de Mobutu
Avait été invité à embaucher des français .Nos travailleurs congolais ( puis Zaïrois )étaient compétents . Ils
Respectaient les basungus . Ils avaient hélas de très bas salaires pour travailler dans le fond . Cela ne dépendait
pas des blancs qui n'avaient qu'un rôle technique . Mais ils étaient conscients de leur avenir après le départ
Des blancs .Il me disaient lorsque tu vas être remplacé par un congolais il faudra lui donner une partie de notre
Salaire...Ce que vous m'avez montré me désole . Ce pays aussi riche ( potentiel gigantesque inexploité du
Barrage d'Inga , mines kipushi, kolwesi ,katanga , etc...) de quoi donner du travail à ce peuple sympathique

Didier Makal
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Merci monsieur pour ce témoignage. Oui, cela est malheureusement encore le constat qu'on peut bien faire.