Jacob Zuma rend justice à la justice

Article : Jacob Zuma rend justice à la justice
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3 avril 2016

Jacob Zuma rend justice à la justice

Jazu, Jacob Zuma, le président sud-africain touche à la grandeur. Grandeur d’âme, grandeur d’esprit ! À voir l’obstination avec laquelle il a jusqu’ici rejeté les appels de la médiatrice de la République à restituer les fonds publics utilisés pour sa résidence privée, qui aurait cru qu’il en arriverait aux excuses, des excuses publiques ? Eh bien, vrai, Jazu prend son courage et, comme en la solennité de fin d’année, exercice auquel il s’est livré il y a trois mois, il reconnaît sa faute.

Le signe est fort, surréaliste même, dans cette Afrique en proie au printemps des dinosaures : les chefs d’Etats et les régimes ténébreux et opaques, sans respect pour les lois et pour leurs citoyens, obsédés par un pouvoir clanique. Ils gèrent des pays comme leurs boutiques et leurs citoyens comme des vassaux.

Jacob Zuma
Jacob Zuma, président de l’Afrique du sud au forum économique mondial. Source : World Economic Forum (Youtube)

Zuma accepte qu’il a mal utilisé les fonds publics et va en rembourser une partie, comme exigé par la médiatrice de la République. Son courage est hors-pair et profite à son pays et à son image personnelle en tant que chef d’Etat, même si certains pourraient le voir comme un faible. D’abord, il proclame indépendante, la justice de son pays et se proclame lui-même capable de démocratie, peut-être même démocrate. Il justifie aussi la courageuse médiatrice de la République qui n’a joué que son rôle d’œil de la République. Quel courage, si l’on considère des hauts fonctionnaires incapables de contredire leurs chefs quand il le faut !

La justice sud-africaine avait déjà remis Jacob Zuma à sa place, pour avoir laissé partir le soudanais El Bechir (lors du sommet des chefs d’Etat) qu’elle voulait arrêter pour la cour pénale internationale. Il est venu le temps où il devait honorer cette justice qui a fait rêver l’Afrique : la seule des pays visités par le président soudanais, capable de l’arrêter.

Jacob Zuma comme démocrate, c’est facile que plusieurs lui refusent ce qualificatif, après l’entêtement qui a précédé le bras-de-fer qui semble en finir maintenant. Mais il pouvait, comme ses homologues d’Afrique, éjecter de son poste le président de la cour constitutionnelle et le remplacer par un béni-oui-oui. Alors il triompherait, s’élevant à la dignité des dictateurs et hommes forts. Jacob Zuma s’est incliné, fautif ! Voyons, fautif, un chef d’Etat ? Non. N’est-ce pas toujours un tout puissant, un guide, le seul citoyen à qui reviennent tous les meilleurs qualificatifs ? Jazu l’a accepté, et c’est positif.

Chacun a ses limites, ses faiblesses. On peut pardonner à Jazu ses problèmes de lits et sa tentation d’imiter les dinosaures d’Afrique.  Si j’avais été député en Afrique du sud, je plaiderais pour l’abandon de la procédure de destitution qui le vise encore. Zuma a payé ses fautes devant le peuple, en lui présentant des excuses. Il va payer en remboursant l’argent public. Il sait désormais qui est au-dessus de la mêlée : la vérité, la justice en tant que vertu.

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