Lorsque je serai Mobutu …

Article : Lorsque je serai Mobutu …
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RDC
16 août 2016

Lorsque je serai Mobutu …

Etre Mobutu, ou comme lui, nous en rêvions tous, dans notre enfance zaïroise. La meilleure image du pouvoir et du chef que nous avions était, sans doute, façonnée par le monde traditionnel et coutumier qui nous moulait. Là, en effet, les chefs sont presqu’irremplaçables et les mandats à vie.

Sommes-nous allés aussi loin que ce rêve d’enfance ? Le pouvoir et le chef, les deux se confondant inexorablement, doivent inspirer la peur, la grandeur, la toute-puissance, l’opulence. Tous les moyens sont bons alors pour y arriver !

 « Lorsque je serai Mobutu » … je ferai, je verrai, j’agirai de telle ou de telle manière. Nous le répétions tous, admiratifs du deuxième président de la RDC, Tata Joseph-Désiré Mobutu Seko Kukugbendu wazabanga.

Mobutistes, nous tous ?

Mobutu, c’était une manière d’être, d’agir ou de penser. C’était aussi l’image du pouvoir, comme il y en a un peu partout en RDC et en Afrique : Mwant-Yav, Mwami, … des titres que portent des chefs coutumiers, quels que soient leurs noms. Autant, nous avons des Mobutu… moi, toi, nous congolais, nous africains ?

Non, ce n’était pas cela le Zaïre, pas non plus Wzabanga lui-même, le maréchal qui régna sur le Zaïre durant 32 ans. C’était l’idéal du pouvoir que nous voyions. Mobutu s’en est allé, entre-temps, avec lui mes rêves d’enfant. Grandissant, en effet, mes yeux ont vu aussi d’autres pouvoirs, d’autres chefs simplement eux-mêmes. Mais à l’heure où j’ai commencé à peine à réaliser que le roi du Zaïre n’était qu’un homme mort et enterré à Rabat, au Maroc, j’ai vu mon rêve d’enfance resurgir. Ce n’est pas une hantise, cela ne se passe pas dans ma tête.

Mobutu moi, Mobutu toi, Mobutu nous congolais, africains ! Nous en sommes là, une fois de plus. Il fait encore rêver des jeunes. Ce Mobutu a le vent en poupe, un succès incalculable parmi les âges, les jeunes d’autrefois, aujourd’hui parfois vieux surtout.

Les meilleurs Mobutistes insultent Mobutu

C’est un type de modèle de dirigeants et de pouvoir construit par les télévisions et les thuriféraires. Il est fait par les télévisions, et les facultés et les églises perdent de vue. Parfois, les plus mobutuphobes dans les débats télévisés se révèlent les plus mobutuphiles, lorsqu’ils détiennent le pouvoir. Ne pas être Mobutu, être Lumumba ou Mandela, par exemple, n’est souvent qu’une affaire de temps. Oh, qu’ils savent s’adapter, qu’ils sont du vif-argent véritable !

Que déjà adultes, plusieurs parmi mes compatriotes en soient restés à cette image enfantine du pouvoir, à ce degré du mobutisme, c’est rester éternellement enfant. Enfant de Sese Seko qui fut et demeure père, guide et maître. Je pense qu’à ces enfants, il faut des exemples et des leçons. Des exemples de serviabilité, de liberté, d’alternance et de dignité.

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