RDC : dialogues au bout du canon

Article : RDC : dialogues au bout du canon
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30 septembre 2016

RDC : dialogues au bout du canon

Les dialogues politiques se multiplient et se ressemblent en République démocratique du Congo (RDC). 56 ans après son indépendance, le pays a dialogué une trentaine de fois, sans que ne suivent développement et paix attendus. De véritables conciliabules alors !

Les dialogueurs congolais, c’est comme Janus, ce dieu romain qui ouvre et ferme la porte à qui il veut. En RDC, en effet, un dialogue sert à renforcer le pouvoir du chef et lui seul. Sinon il n’a pas de raison d’être. Tant pis si les mécontents râlent : ils iront à un autre dialogue !les-dialogues-en-rdc

Du départ du décolonisateur belge en 1960 au dialogue en cours voulu par Joseph Kabila arrivé fin mandat, la RDC aurait totalisé au moins 37 moments de dialogue. J’ai en ai sélectionné 23 : l’indépendance et ses soubresauts, la démocratisation et l’alternance, l’alternance du pouvoir et la guerre qu’elle apporte. Enfin, la stabilisation et l’alternance.

L’indépendance congolaise et ses soubresauts

Au premier président congolais, Joseph Kasa-Vubu, se pose le défi de décoloniser son pays. Avec d’autres leaders, il discute sur l’indépendance de son pays à la Table-Ronde de Bruxelles. L’indépendance qu’il obtient est ensanglantée, la fête ne dure que 11 jours et, bonjour les rebellions. En plus, il fait face à la sécession du Katanga et du (sud) Kasaï. Commence alors une série de dialogues, sommets … jusqu’à Tananarive (Voir l’infographie).

La démocratie et l’alternance

Mobutu, arrivé au pouvoir par un coup d’Etat, punit les querelles interminables entre leaders politiques par une longue dictature qui finit par son exil au Maroc. Il dialogue peu, et lorsqu’il le fait, il reste le maître du jeu. La conférence nationale qui s’avise à être souveraine, entre 1991 et 1992, il la suspend, exaspérant la crise de démocratie entamée en 1990 : elle finit par sa chute. (Sur la carte, cliquez sur une bulle et voyez la ville, l’année et les acteurs de dialogues).

L’alternance du pouvoir

Lorsqu’arrive en 1997 Laurent-Désiré Kabila, son tombeur, Mobutu apprend à dialoguer sans être meneur du jeu. Mais Kabila va souffrir la guerre dite d’agression menée par ses voisins Rwandais, Burundais et Ougandais, à travers des rebellions qu’ils soutiennent. Il meurt assassiné et laisse un pays prêt à imploser. Après lui, les dialogues pleuvent !

La stabilisation et l’alternance

L’enjeu de la période qui suit ces perturbations originelles de l’Etat congolais c’est la stabilisation de la RDC. Joseph Kabila s’y applique, très ouvert aux dialogues. Sa présidence est la plus dialoguante de toutes. Un de ces dialogues, reconnaissons-le, a sauvé le pays de l’éclatement : il a lieu en 2003 à Sun city, en Afrique du Sud. Mais le reste de ses dialogues n’échappe guère à la règle congolaise : conciliabules et subterfuges. Du Haut-Katanga à l’Ituri, en passant par Beni, des groupes armés tuent encore.

S’il fallait compter leur nombre, les dialogues auraient déjà fait de la RDC un des pays les plus stables d’Afrique. Mais on le sait, les dialogues font ce que leurs auteurs veulent, et le résultat c’est que les résolutions qui en viennent sont contestés et caduques avant qu’elles ne soient connues. Aussi, remarquez-le bien, les meilleurs dialogues à la congolaises viennent après les armes.

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