Un sot en plastique juché sur un socle en fer simplement rafistolé, couvert et pourvu d’un robinet au-dessous duquel est placé un bassin qui recueille les eaux, le lave-mains est désormais un véritable phénomène de société. A Lubumbashi, il change les habitudes dans plusieurs foyers.

Quand la peur des maladies modifie les habitudes
Des sots minus des robinets pour le lavage des mains fabriqués à Lubumbashi. Ph. M3 Didier

On les trouve dans plusieurs maisons, au salon ou dans la salle à manger pour ceux qui en ont. Ils ne coûtent pas assez cher : entre 15 et 30 dollars. Voilà qui facilite leur massification. Mais ce n’est pas là la raison de leur succès.

Les maladies des mains sales

Selon toute vraisemblance, à l’origine des lave-mains se trouve la campagne contre le choléra, la fièvre typhoïde, la diarrhée. Ces maladies qualifiées des « mains sales » reviennent souvent, en saisons des pluies à Lubumbashi, près de cinq ans. En 2014, le choléra a affecté 8.700 personnes et en a tué 249 au Katanga, principalement dans les zones de santé vues pourtant comme stables (Fungurume, Likasi, Lubumbashi, etc.), selon une publication du Bureau de coordination des affaires humanitaires. Les quartiers populaires et périphériques ont été les plus touchées. La concentration de la population et avec elle, la détérioration accélérée des conditions hygiéniques et la distribution de l’eau accentuent les maladies. Une enquête de l’Unicef (2010) révèle que 43% seulement de la population congolaise a accès aux sources d’eaux améliorées, et 14 aux installations sanitaires améliorées.

Il y aussi et surtout, la récente campagne contre la fièvre hémorragique Ebola qui semble avoir boosté une campagne lancée quelques années avant. L’épidémie n’a pas été assez virulente en RDC. Mais l’ampleur de la maladie l’an dernier a été telle que la peur était partout. A Likasi, sur la route vers Kolwezi, une société de transport a placé des lave-mains près des toilettes réservées aux passagers (voir la photo ci-haut).

Les « lave-mains » ont vu alors leur production augmenter et la demande galoper. Les lave-mains sont donc une aubaine pour plusieurs foyers en même temps que pour les fabricants. Les producteurs des sots et bassins trouvent un déboucher, mais aussi ceux des ferons.

Se laver les mains

Laver les mains est resté, Ebola lui s’est tu. Plus qu’une valeur symbolique, l’usage est appelé à durer. Cela vaut la peine. Les maladies des mains sales n’ont pas dit leur dernier mot. « Les causes des épidémies qui frappent les milieux urbains, explique un mobilisateur social, semblent provenir avant tout de l’eau que l’on utilise, de l’assainissement du milieu et bien entendu, du lavage des mains encore peu rependu ». La leçon est donc : « se laver les mains à tout moment », après les toilettes, des salutations, de retour du marché, etc.

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