Fous ou prodromes d’une insécurité ?

Article : Fous ou prodromes d’une insécurité ?
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30 octobre 2014

Fous ou prodromes d’une insécurité ?

Ce dernier temps, des fous sont de plus en plus visibles dans la ville de Lubumbashi. Pensez-vous à une saison de folie ? Il semble que cela n’existe pas. Pourtant ils ont tendance à augmenter ! Cela fait maintenant trois fois, comme ce jeudi 30 octobre, que la mairie appelle proches de ces personnes à les reprendre, rien ne bouge ni de sa part ni de celle des familles qui restent toutefois difficiles à connaître. Ce vendredi 31 octobre, ils devront aller loger dans un auspice aménagé pour eux. Mais on ne sait pas si cela devra durer.

Les malades mentaux (les fous) errant dans les rues de Lubumbashi seront internés ce vendredi 31 octobre à l’Hôpital Jason Sendwe après un tri qui sera effectué au centre Kasapa. Le centre aménage à cet hôpital peut accueillir jusqu’à 106 personnes. Le médecin chef de cet hôpital a insisté sur les préalables pour que cette opération réussisse. La maire adjointe de Lubumbashi pour sa part, rassure que ça va marcher.

Les fous en circulation libre

Source: www.tele50.com
Source: www.tele50.com

Vous pensez à quelque incident produit par ces personnes ? Pas du tout. En tout cas, pas un qui ait été rapporté au grand public. Deux constats pourtant étonnent. Le premier est que les fous se promènent librement en ville depuis plusieurs années. Il existe des endroits transformés comme des loges de ces malades mentaux ou fous, bien connus du public. Au complexe scolaire Kiwele, à côté de la route Lumumba il y en a un. Ce citoyen n’est pas n’importe qui. Il est bien ordonné. Il a le temps d’aller chercher à manger. Lorsqu’il est de retour chez lui, en dessous d’un arbre, il cuisine, dine et sieste. Et cela, à des heures précises tous les jours ou presque. Il est là depuis plusieurs années.

A la sortie du tunnel vers le quartier Bel-air, là il y a un autre. Un peu plus loin, sur l’avenue des cimetières au croisement avec Des plaines, là s’installe un autre encore. Proche de l’Eglise Méthodiste, au centre-ville, à la poste vit un autre (qui pourrait avoir déménagé, s’il est encore en vie) ; la liste est longue. Et je ne considère pas ici, ceux qui vivent dans les communes et quartiers dans les mêmes conditions.

Une augmentation des malades mentaux

Le second constat est que ce dernier temps, on voit un peu plus ces personnes en nombre croissant. Ce n’est pas de ces fous, bien connus des lushois dont il s’agit, mais de nouveaux. Un homme se demandait il y a quelques jours, pourquoi de plus en plus de personnes malades, des fous dans la ville. C’était dans un taxi-bus. Des sujets comme ça intéresse beaucoup de gens ! J’ai pu noter des clichés et des arguments intéressants.

Facilement quelqu’un dit « ils cherchent à devenir riches, ils ont touché aux fétiches et cela a mal tourné ». Beaucoup de gens semblent favorables à cette version plus facile à gober. Puis, la conversation devait s’arrêter là. Arrive alors cette réaction d’un homme resté calme qui nous oblige à réfléchir. L’homme établit une relation entre l’apparition de plus en plus remarquable des fous et l’accroissement de l’insécurité dans la ville, et ce, à travers l’histoire de ce pays. Un fait pas anodin, selon lui, le cas présent. C’est une supputation, faut-il noter.

Des faux fous ?

Cette dernière considération semble avoir le vent en poupe. Cela fait trois fois, la mairie de Lubumbashi appelle les familles des fous en circulation dans la ville, à les retirer. Appel apparemment jamais suivi d’effet. Ce jeudi 30 octobre, elle a annoncé une campagne d’identification de ces personnes en vue de les retirer de la ville et leur trouver un autre cadre. On ne dit pas assez comment cela se passera ni comment les gérer.

Mais l’idée d’insécurité dans la ville et le retrait de ces personnes ne semble pas du tout anodine. Ce dernier temps, Lubumbashi est à nouveau militarisé. Aux endroits stratégiques comme la Place Moïse Chombe, le Carrefour, etc. on voit la Police militaire bien armée. On est habitué à voir ce déploiement chaque fois qu’il y a inquiétudes sur la sécurité. C’est ce qui est arrivé lorsque les miliciens Bakata Katanga étaient entrés dans la ville, il y a une année. Plus encore, des coups de feu parfois duratifs sont ont été annoncés cette semaine au quartier Hewa Bora.

Et alors, être fou ou mal fichu, c’est-à-dire sale, cela met mal à l’aise à Lubumbashi. La raison est simple. A l’entrée des Bakata Katanga, il y a une année, ces personnes étaient identifiées par leur accoutrement. On les identifiait comme « des gens sales ». Rien d’anormal, ils viennent d’un maquis. Cette saleté est donc loin d’être leur mode de vie. Les témoignages recueillis après cette entrée spectaculaire faisaient état de la mort d’un fou qui logeait au tunnel vers le quartier Bel-air. Un militaire l’aurait pris pour « un may may », vu son habillement.

Ceci dit, il n’est pas étonnant que l’autorité urbaine se tracasse d’une possible existence parmi ces personnes, des faux malades mentaux. Néanmoins, en les évacuant, la ville peut espérer avoir résolu un problème : la confusion ou du moins, toute suspicion possible sur les vrais et les faux fous.

La mesure de la mairie pourrait ne pas être motivée par ces raisons, c’est possible. Mais il demeure que dans la relation des causes à effets, cette présence dérangerait. Mais aussi, ces compatriotes, malgré leur état de santé, méritent quand même un encadrement et une dignité. Et dans ce cadre, la mairie a raison de les retirer pour les garder quelques part. Mais cette décision semble intéresser nombre des lushois. Mais on ne sait pas encore si elle aura longue.

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