Autant en emporte le vent !

Article : Autant en emporte le vent !
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30 octobre 2014

Autant en emporte le vent !

C’était un jeudi « noir » au Faso « Jeudi noir »15 octobre 1987 lorsque mourrait Sankara, ça l’est aussi ce jeudi 30 octobre 2014 lorsque Compaoré qui lui a succédé, a fermé ses oreilles et son coeur.Ça va mal au Burkina Faso. Le pays fait encore un bon en arrière de 27 ans. Blaise Compaoré gâche en quelques heures, tout ce qu’il a pu léaliser de bien durant son long mandat. Coup d’Etat ou pas, il fallait y penser. Soutien ou révolte, il ne pouvait pas l’oublier, lui qui est arrivé au pouvoir après le sang de Sankara.

Finalement c’est une drôlerie, une vanité et une folie. Quoi ? L’idée d’un pouvoir politique sempiternel. J’avais entendu dire que l’« On meurt comme on a vécu » et que « Qui tue par l’épée périra par l’épée »… Je le comprends plus ou moins ces années. Après tout, je ne suis pas lent à comprendre. Si j’avais été burkinabè, je n’aurais pas eu tort aussi de l’apprendre en retard. Puisque j’aurais passé ma jeunesse à croire que le bon pouvoir est celui qui dure. Un peu comme je l’ai appris en République démocratique du Congo, mon pays… avec le maréchal Mobutu.

Plusieurs avaient fini par admettre durant les 32 ans de son règne, que « Mobutu » était un titre de pouvoir, une fonction et non un individu. 27 ans après, Compaoré, ce ne peut pas ne pas l’être tout autant. Le voici partir comme il est venu : Blaise Compaoré. Tout a finalement une fin. Autant en emporte le vent ! J’ai simplement besoin de dire « Honte ». Mais cela ne dit pas les sentiments qui valsent en moi. Honte d’être cousin et frère des citoyens « sans oreilles ».

Il a pourri le temps

Monsieur Compaoré, ce président devenu le grand, le géant, le médiateur et peut-être le faiseur des rois (est-ce cela qui l’a entêté ?) pouvait se contenter de ses 27 ans de règne, une anormalité de tout même ! Mais comme l’a chanté Tiken Jah Fakoly, « il se croyait grand dribleur, il a trouvé plus dribleur que lui ». Et je n’oublie pas cette saillie de Mamane sur RFI des révisions des constitutions …  « Le président fondateur est devenu un grand chirurgien ». Comme en chirurgie esthétique, on donne la forme qu’on veut à la constitution, aux lois, au pouvoir et même à la vie : « Élection à un tour, à demi tour » lançait encore dans une autre chronique, le même Mamane.

Fallait-il du sang ?

Des manifestants à Ouagadougou. Source: www.rfi.fr
Des manifestants à Ouagadougou. Source: www.rfi.fr

Comme en 1987, il quitte le pouvoir après le sang. C’était un jeudi, comme aujourd’hui, un jeudi dit « Noir » puisque Thomas Sankara qui était alors président, était vachement assassiné. C’était le même mois. Même si ceci reste différent. Cette année là, Thomas Sankara est assassiné et c’est Compaoré qui prend les rennes du pouvoir. Comme les votes ont le pouvoir d’effacer les péchés en Afrique, il s’installe et domine. Aujourd’hui, son histoire le poursuit, le rattrape. Des foules sans peur descendent jusqu’à l’assemblée et « entrent » même… puis une sauvagerie. Il fallait malheureusement y penser. Ce fils d’Afrique qui reste impliqué dans l’assassinat de Sankara connaît le sang et le sang le ragaillardit comme tous les dictateurs implacables.

Même Mandela est parti

« Même les prophètes se sont succédés (sic) !!! Donc, tu ne feras pas exception à la règle », peut-on lire sur une de photo de RFI tirée au cours de l’avant-dernière marche des burkinabè. C’était pourtant clair. Mobutu, Sékou, … et même Mandela qui a fait le bien et qui a subi tout le mal que très peu de chefs d’Etats africains ont connu, et qui pouvait dire « j’y reste » … tout le monde a quitté le pouvoir.

Pourquoi attendre que la situation pourrisse ? Là je vois encore l’ivoirien Tiken Jah Fakoly dans quitte le pouvoir : « Tu pourrais passer un sale moment, si tu pourris le temps oh làlà ! »

Ils sont nombreux au sud du Sahara, dirigeants qui sont prêts à tout gâcher, même le bien qu’ils ont réalisé avec peine et parfois en n’équivalant pas à ce qui devrait être réalisé avec les fonds sortis des trésors… Ils sont souvent francophones, des pays des plus instables d’Afrique. Pitié chers dirigeants africains, chers fabricants des lois, béni-oui-oui ! Vous n’avez pour terre que l’Afrique, pour maison que vos pays. Ne brûlez pas comme ça. Quel recul pour le pays des hommes intègres ! Si seulement Compaoré pouvait s’arrêter là et faire profiter à son pays les acquis de son éternel règne !

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