« Le premier ordinateur du monde est africain »
Voici la dernière découverte qui vous replonge dans bagarre : « Le premier ordinateur du monde est africain. » Celui qui parle ainsi le croit ferme comme pierre. Muleka Ditoka wa Kalenga, originaire de RDC, est mathématicien. Il a soutenu une thèse à l’université de Sao Paulo au Brésil, en 1987,sur le kissolo, un jeu africain « populaire ».
Le mathématicien
Plongé dans l’ethno-mathématique, cette discipline qui postule que chaque peuple a ses maths propres, Muleka Ditoka découvre que le kissolo est construit sur le langage binaire, celui-là même à l’origine de l’ordinateur moderne. Ce jeu en 8 colonnes, 4 lignes, répandu en RDC et en Afrique, affirme-t-il, est essentiellement mathématique. « Huit colonnes et quatre lignes, ça signifie que le kissolo est une matrice. Donc, à partir de la théorie matricielle, je suis parvenu à découvrir les équations de kissolo qui sont les équations différentielles ou linéaires ». Pour en jouer, on procède au remplissage des cellules. « Cellule occupée, cellule vide, vide, vide, occupée occupée … c’est tout un langage de programmation que les Noirs ont créé ». La combinaison « case vide, case remplie » comparée à signal correct, signal incorrect de la binarité informatique (01011010), permet à Muleka de rapprocher l’ordinateur moderne du kissolo. C’est lui qui vous commande, il vous dit : « Mettez par ici, tirez par-là alors que l’ordinateur électronique actuel c’est plutôt vous qui donnez les commandes ». Il arrive même à distinguer les dispositifs d’entrée, de sortie, les périphériques, dans le kissolo.
Conjugué avec l’expérience du livre du destin égyptien, un livre d’oracles, le kissolo a permis à Muleka de produire un logiciel qui donne des oracles. Métaphysique ou non, son auteur pense qu’il n’y a rien de suspect. Vous demandez par exemple en début de la journée si vous gagnerez de l’argent, son logiciel vous répond. « Et cela arrive. » Prédiction et numérique, voilà un mariage curieux et intéressant à voir si la science de Muleka prospère. Après tout, on ne sait pas encore jusqu’où va la numérisation de nos sociétés ; encore que des marabouts se sont emparés eux aussi des ordinateurs !
Africaniste, « revanchiste » ?
Mais Muleka Ditoka, une soixantaine, est on ne peut plus baroudeur. Pour tout dire de sa découverte qui est en réalité « une lutte », il cite Cheik Anta-Diop, l’égyptologue africaniste ! C’est-à-dire celui-là même qui
surprend le monde en 1954 lorsqu’il annonce que les premiers pharaons, que les doués géomètres bâtisseurs des pyramides d’Egypte, que les concepteurs « des premières mathématiques de l’univers », étaient Noirs. Le kissolo premier ordinateur du monde, « cela doit faire notre fierté » estime Muleka. Et après ? Fierté, ce n’est pas ce qui manque aujourd’hui à l’Afrique. Elle porte en elle sa fierté par essence, l’Afrique ! Il ne suffit donc pas de la chanter. Surprenant, n’est-ce pas, le surplace de cette Afrique malgré les diplômes et les découvertes de ses enfants ? Qu’elle ait fabriqué des calculatrices, qu’elle ait des alphabets plus anciens ou non, la question principale qui se pose c’est qu’est-ce qu’elle a fait de ce qu’elle sait aujourd’hui ?
« Les Noirs premiers en… », un Noir ou Africain « premier humain sur la terre », l’Afrique elle-même réhabilitée berceau de l’humanité, etc. Le chercheur de San Paulo se greffe donc dans cette lignée : « Selon Voltaire, l’intelligence des Noirs est proportionnelle à la taille de leurs cheveux : cheveux crépus, et donc courts, intelligence courte », écrit-il. Des mensonges, selon Muleka. Les mathématiques kongo en RDC, les mathématiques égyptiennes, les maths bambara peut-être, les maths pour tout le monde… pourquoi alors l’Afrique berceau des maths, s’il y en a « pour toutes les ethnies » selon la suggestion de l’ethno-mathématique ? Qu’Aristote ait étudié les maths en Egypte « noire » ou que Jésus s’y soit rendu pour apprendre la science comme certains allèguent, qu’est-ce qui change ?
Les Maths « cartésiennes » ont révolutionné le monde jusqu’aux TIC, le multimédia. Et celles d’Afrique ? Le kissolo reste le même. Et où il s’est amélioré, il a quitté le sol pour être gravé sur un bois. C’est le retour de la bataille. Mais qu’elle sent une inutilité ennuyeuse. Enfin ! il a fallu démontrer que les Noirs ont créé quelque chose. Pourquoi pas ! Bravo cher Muleka pour le Kissolo, « l’ordinateur africain ». Mais ira-t-on plus loin ? Les yeux tournés vers San Paulo.cartésiennes
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