Un incendie de la honte à Kasumbalesa

Article : Un incendie de la honte à Kasumbalesa
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25 novembre 2014

Un incendie de la honte à Kasumbalesa

Un grave incendie a consumé 46 camions dont plusieurs contenaient du carburant et de l’huile végétale. Au moins deux personnes y ont péri. Le bilan reste encore à préciser, puisqu’on annonce plusieurs blessés dont certains viennent d’être acheminés à Lubumbashi. Une délégation du gouvernement de la province du Katanga a tenu une réunion dans l’avant-midi avec les responsables de la douane et le chef de cité de Kasumbalesa limitrophe de la Zambie, à environ 80 km de Lubumbashi.

Ne vous étonnez pas si je vous dis que pour venir à bout des flammes qui ont consumé les 46 camions remorques il a fallu solliciter le secours les services de Lubumbashi. Mais pour quel résultat ? Le pire a été évité. Mais de justesse et pas de la manière des plus enviables, même si 150 camions chargés de carburant principalement étaient en ligne de mire. Que seulement 46 aient brûlé, il y a à dire « gloria ! » Mais pas si vite. On devrait plutôt pleurer, à mon sens.kasumbalesa-4

Un eldorado oublié

Kasumbalesa se trouve à environ 80 km de Lubumbashi, un peu plus au sud du Katanga, limitrophe donc de la Zambie. A ce jour, il reste le plus grand poste frontalier de la RDC avec des rentrées estimées à plusieurs milliers de devises étrangères par jour. Moïse Katumbi, alors épris de transparence et d’honnêteté en aurait fait l’expérience en début de son mandat, raconte-t-on à Lubumbashi, en s’étant arrêté un jour quelques heures regardant passer et dédouaner des marchandises. Que tout ait été raflé par Kinshasa après cette révélation du nouvel eldorado du pays, tout a été nationalisé, là n’est pas mon propos.

source: @FreeDiomi Twetter
source: @FreeDiomi Twetter

C’est bien donc ce grenier économique et ce terreau du bien-être de certains citoyens qui n’a pas pu mâter les flammes quand, vers 18 heures, un camion-citerne portant du carburant, par fausse manœuvre, a percuté un autre. Du carburant a coulé, coulé, jusqu’à atteindre des paisibles camionneurs qui cuisinaient sur un brasero. Puis, les flammes. Elles remontent jusqu’à l’expéditeur, puis encore visitent tous les cousins.

Kasumbalesa, une cité bien plus vielle

Qu’y avait-il à Kasumbalesa pour arrêter à temps une hécatombe ? Pas grand-chose, en tout cas. Un seul camion anti-incendie appartenant Pacific Trading, une société qui gère l’entrepôt de la DGDA (Direction générale de douane et accises) où l’incendie a eu lieu à Whisky, un village situé à 7 km de Kasumbalesa douane. – Cette société de sous-traitance, Pacific Trading, travaille sans minimum de service de sécurité garanti.- Les camions anti incendie sont arrivés bien après 18 heures. Au moins, elles ont servi à quelque chose.

Mais n’est-ce pas là un archaïsme si non une sclérose dommageable ? Qu’une cité comme Kasumbalesa par où passent et repassent des camions chargés de toutes sortes de dangerosités ne dispose que d’un seul camion contre les incendies ? Et Lubumbashi même, savez-vous de combien de ces engins dispose il-t-il? Pas plus de dix. On peut les citer. La mairie de cette ville en a 2, la Société de l’assurance deux dont un est sous pression ; il a 1 pour une brasserie, 2 ou trois pour l’aéroport international de Lubumbashi… et si je n’ai pas compté d’autres, ils ne dépasseraient 3. J’en parle dans un article sur les incendies à Lubumbashi.

Dangers permanents

Des véhicule en attente de départ à Kasumbalesa. source: zedchronicle.com
Des véhicule en attente de départ à Kasumbalesa. source: zedchronicle.com

Finalement, il n’y a que le hasard ou le ciel, pour les croyants, pour protéger les habitants de nos villes et cités où pullulent les engins de mort. Il y a quelques années, un camion chargé de matières radioactives se serait renversé dans une rivière sur la même route Kasumbalesa-Lubumbashi. Les acides divers et des explosifs à usage industriel se déversent de temps sur des routes de la province. En 2012, un gros sac de souffre était tombé d’un camion juste devant le gouvernorat du Katanga et y avait passé plus de deux heures.

Regardez la photo ci-contre. C’est bien à Kasumbalesa. Comment, dans ce cadre, éviter le pire lorsqu’un incendie arrive? Il est même difficile, sur cette route, qu’une ambulance aille dépêcher un malade.Elle reste une des plus dangereuses de la province. Il ne se passe pas une semaine sans qu’on ne rapporte trois ou quatre accidents. Etroite et fort serpentée, cette route réhabilitée par la Banque mondiale en 2008, connaît un grand trafic. Elle reste celle qui conduit à l’Afrique australe. Les carburants ainsi tous les produits dont le Katanga et les Kasaï ont besoin passent par là. Et il n’est pas étonnant que demain on connaisse pire que ce qui vient d’arriver à Whisky.

Ce lundi à Whisky-Kasumbalesa, l’écosystème a pris une dose de létalité sans mesure. Aucune mesure immédiate n’est prise en vue de dépolluer l’environnement. Sans doute on rependra de la chaux mais sera pour la forme. Puisque désormais, le mal est dans l’air. On le respire, on le hume et lorsqu’il va pleuvoir, il coulera jusque dans les rues, les maisons et dans nos cœurs. Bientôt nous mourrons comme des insectes.

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Commentaires

Bérété
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l'Afrique souffre, mais réellement nos maux proviennent de nous même,vraiment un tel incendie est honteux!!

Didier Makal
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Oui en effet. cela fait honte. c'est un incendie qui n'aurait pas causé assez de dégât et qu'on aurait pu maîtriser vite si l'on était prévoyant.

Caleb
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Moins de perte de vies humaines a comparaison avec celui qui avait eu lieu a Sanke\Bukavu. A plus de mesure de protection, il est aussi bon de garer ces engins loin des habitants