CAN 2015 : Une victoire revanchiste de la RDC sur le Congo

Article : CAN 2015 : Une victoire revanchiste de la RDC sur le Congo
Crédit:
1 février 2015

CAN 2015 : Une victoire revanchiste de la RDC sur le Congo

Quatre buts à deux entre le Congo et la RD Congo, le délire a continué ce dimanche, cette fois, dans les débits de boissons ce dimanche. Que cela soit le Congo de Sassous ainsi battu, surtout après « Mbata ya mokolo » (ces expulsions de Brazzaville), la victoire du Congo-Zaïre sur son voisin sonne comme une revanche et la colère des brazzavillois, une récrimination contre cette réplique.

Rencontre RDC vs Congo
Dieumerci Mbokani (en blanc), joueur de RDC à côté d’un autre du Congo le 31 janvier 2015. Source: Reuters

On s’était finalement habitué à échouer depuis plusieurs CAN auxquelles la RDC a participé. Des congolais croient que c’est faute d’organisation. On a sans doute gagné le CHAN, il n’y a pas longtemps, Mazembe et Vita ont fait parler de ce pays, mais tout cela est fort différent de la CAN. C’est peut-être cela qui a expliqué la grande euphorie à Lubumbashi où nuitamment, des étudiants en nombre impressionnant sont sortis du campus pour exprimer leur joie d’être congolais et surtout, victorieux sur un Congo qui a énervé. Mais c’est aussi une surprise, cette qualification des congolais, mais pas un succès démérité. Les faibles performances des léopards ont jusqu’ici été ressentis comme un manque de préparation à fond et non une absence d’une équipe qui fasse pétiller de joie son peuple.

Un moment de cohésion, le football

La joie d'être congolais!
Un supporter de l’équipe de RDC. Source: sosquare.net

Au moins, durant une soirée, et peut-être jusqu’au matin ce dimanche 1er février, on a oublié nos problèmes. On a oublié pouvoir et opposition qui ont tendance à s’être entendus pour ne jamais s’entendre. On n’a pu voir que la RDC et, je le crois bien, se sentir congolais comme cela arrive rarement à plusieurs si non à tous à la fois dans ce pays meurtri par des tensions sans fin et à la pauvreté invincible. J’ai eu peur du silence qui a frappé Lubumbashi après les deux premiers buts. Peut-être les bruits rapportés à Brazza pouvaient nous importuner si l’on n’avait changé le cours du match. Mais les folies, ce grand brouhaha qui a éclaté dans la ville après le but égalisateur, puis ceux de la qualification. Plusieurs n’ont pas attendu le dernier coup de sifflet pour rejoindre la rue. Ce que j’ai vu est délirant : des jeunes à moitié habillés, sautillant et chantant, têtes saupoudrées et mouillées d’eau. Un autre s’était couvert du drapeau de la RDC, l’embrassant, tel qu’on le ferait avec sa chérie !

Zut !

Une expulsée de Brazzaville rapatriée à Lubumbashi. Samedi ‎2 ‎août ‎2014, ph. M3 Didier
Une expulsée de Brazzaville rapatriée à Lubumbashi. Samedi ‎2 ‎août ‎2014, ph. M3 Didier

Mais, on est au Congo, hélas. Tel un cultivateur qui a arrêté de fréquenter son champ pour un temps le retrouve où il l’a laissé le dernier jour, avec le risque de trouver envahie par les herbes sa culture, nous sommes revenus à nos moutons. On se pose la même question au réveil : de quoi on va manger ? Si au moins cette joie du 31 janvier pouvait durer un mois, si cette fougue pouvait nous plonger dans une finale heureuse, on s’y habituerait très vite peut-être, et la joie serait alors devenue notre partage, le succès notre nouveau départ.

Mbata ya mokolo molayi ou la riposte du géant

Eh bien, Kinshasa a eu son tour. En battant les congolais de Brazza par 4 buts à 2, alors que tout le monde croyait à la victoire du Congo, les congolais-zaïrois ont administré à leurs voisins une « Mbata ya mokolo, molayi », la gifle du grand, du géant. En réponse à ce conflit jamais effacé : « mbata ya mokolo » (la gifle du grand !). Les brazzavillois, frustrés (ou mieux humiliés ?), s’en sont pris à eux-mêmes. Des scènes des violences à Brazza, des liesses un peu partout en RDC. Voilà qui arrive quand les tensions politiques croisent le football.

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