L’école où les aveugles voient à Lubumbashi

Qui a dit qu’un aveugle était condamné éperdument à ne vivre que de l’aide des voyants ? A Lubumbashi, cela n’étonne plus de savoir qu’un aveugle peut marcher seul, obtenir avec succès un diplôme d’université (en journalisme par exemple et de la bonne manière !) ou écrire, lire en français ou dans n’importe quelle langue ?

Vendredi et samedi 13 et 14 février 2015, un reportage diffusé sur Wantanshi télévision a fait sensation en montrant deux aveugles cultivateurs dans un champ. Sans voir, ils produisent pourtant aubergines, oignons et choux divers. Ils les revendent et ça circule dans les marchés du centre-ville. Peu d’entre nous savaient que cela était possible.

Comment cela marche ?

Un enseignant explique qu’il existe des cours pour aiguiser la perception et le toucher des aveugles et malvoyants. Lorsqu’ils travaillent, ils font attention aux bruits produits par le voisin pour estimer la distance qui les sépare, explique un aveugle qui tient un potager à l’école des aveugles. Cela permet d’éviter un rapprochement dangereux.

Le toucher permet aussi de savoir si les semences ont poussé. Au sarclage, ils savent ainsi distinguer les herbes des plantes à protéger. Toujours par « toucher et sensation. »

Une école où les aveugles voient

L’Institut Nuru (lumière en swahili) est l’unique centre de rayonnement des aveugles et malvoyants. « On ne voit bien qu’avec le cœur, l’essentiel est invisible à l’œil », cette pensée d’Antoine de Saint-Exupéry est reprise avec bien plus de sens à Nuru, cette école « lumière pour tous ». En 2013, je terminais mes études en communication avec parmi les condisciples, un non-voyant d’une intelligence remarquable. Au départ, cinq ans plus tôt, plusieurs se demandaient comment il allait s’en sortir. Mais il fallait l’entendre intervenir dans les cours. Le secret finalement, c’est à l’Institut Nuru (Lumière), une école où les aveugles voient. C’est l’unique école capable de telles prouesses que certains imaginent irréalisables, au Katanga et dans la région du sud de la RDC.

Et nous les paresseux ?

De retour à la maison, il a mangé choux, et tomates offerts pars ses camarades cultivateurs et le reporter de Wantanshi de conclure admiratif : « Ces cultivateurs exceptionnels donnent une belle leçon à ceux qui ne veulent pas travailler et préfèrent escroquer. Quelle honte pour les paresseux ! »