#CecilTheLion : quand la mort d’un lion supplante celle d’un homme
Cecil est mort, le monde en est fâché. Très fâché ! Je suis étonné. Le bourreau du lion zimbabwéen, oh que dis-je, du lion citoyen du monde (Dr Walter) a même érigé un mémorial à l’entrée de son cabinet de médecin dentiste pour un deuil en mémoire du fauve. Tout ça pour un lion !
Je comprends bien la colère et la déception du monde. Les lions, comme bien d’autres espèces rares, menacées de disparitions, sont vraiment à protéger. Mais il n’y a pas que Cecil. D’abord je constate qu’au pays de Mugabe, malgré le régime dur, le monde connaît et aime un formidable lion. Bonne nouvelle ! Une pétition est même lancée pour que justice soit faite au nom du lion mort. Paris Match lui rend un grand hommage ! Grande sympathie, grand amour pour Cecil ! « You will be missed Cecil. Road ». Et pour les Zimbabwéens asphyxiés par une hyper inflation (231 millions %) doublée de sanctions presque ininterrompues contre le long régime du vieux dictateur Mugabe ? Rien ! Sait-on seulement comment on vit dans un pays comme ça ?
Je suis #CecilTheLion
Hum ! Ce qu’il y a ici, c’est la mort de notre cher Cecil ! Nous sommes tellement devenus vertueux que nous avons oublié l’homme. La mort d’un lion énerve, prête à soulever la vague de « je suis Charlie lion Cecil » ! « Hey Walter je crois que le monde entier à une dent contre toi » écrit un twittos. Un autre a peut-être beau tenter de recadrer l’indignation : « C’est cool le mouvement #CecilTheLion mais le but n’est pas de s’indigner pour UN lion, mais de stopper ces pratiques hideuses pour touristes ».
Hommage au roi de la savane – C’était Cecil le lion: Paris Match rend hommage à Cecil le lion, avec cette série… https://t.co/ASlsaDK1A3
— waptry™ (@waptryteam) 30 juillet 2015
Pourtant, je parie que le jour où un lion dévore un homme, il n’arrivera rien à sa communauté ni à ses gardiens. Sommes-nous devenus moins importants que les bêtes et les choses ? Le même jour où le lion Cecil est mort, un homme est mort électrocuté à Calais, en tentant d’approcher son rêve de l’Europe ! Pas de foules, pas assez d’émotion ou d’indignation … c’était un clandestin !
On aime les « Bonobo », on dénombre allègrement les survivants du braconnage des éléphants, chimpanzés et espèces aquatiques au monde, on ne sait pas suffisamment bien combien les groupes armés déciment aux Grands Lacs depuis 20 ans, par exemple.
Question de commodité : être écolo
Question de commodité ou vrai penchant de l’homme ? On dirait que la vie humaine est banale, plus fort aujourd’hui. L’homme est en perte de vitesse. Après tout, l’humanisme c’est trop vieux. Pourtant, on dit encore Liberté, égalité, fraternité. Il est plus commode aujourd’hui de se montrer écolo, crier au secours des espèces menacées de disparition… pas assez d’attention pour l’homme. L’homme ! Il semble en perte de vitesse, en effet. Et lorsqu’on dit droits de l’homme, on veut classifier des Etats à la mode ou non. Car, comme les discours écolos, tout est pareil : de la poudre aux yeux, mais pas assez d’actions véridiques ! En vain les droits humains. Les plus sexy (?) sont écolos.
Je ne suis pas un moralisateur. Mais je constate que nous acceptons de mettre fin à des vies par l’avortement, par exemple, un sujet des luttes larvées, mais nous sommes incapables de stopper des animaux qui attaquent l’homme. Tenez : en RDC, au Katanga à Bukama, des éléphants dévastent des champs et poussent des habitants à abandonner leurs villages. Tant pis insécurité alimentaire ! Pour punir et ne pas comprendre qu’il n’a que la chasse comme solution rapide à sa misère, un chasseur qui abat des éléphants est appelé « braconnier » ! Déjà à Malemba Nkulu, dans la même région, au Katanga, en septembre 2009, 4 personnes étaient tuées par des éléphants.
Les humains sont tellement réduits à l’impuissance qu’à Bukama, en octobre 2012, la population décidait de manifester contre les éléphants. J’espère que vous ne m’en voudrez pas, chers écolos !
Commentaires