Ces constitutions testaments en Afrique

Article : Ces constitutions testaments en Afrique
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27 juillet 2015

Ces constitutions testaments en Afrique

Constitution, dis qui te tient, on te dira qui tu es. Volontés des puissants, les Constitutions ne sont que des pauvres textes finis : des testaments, voilà tout ! Mais voyons, et s’il y avait en Afrique, un virus qui pousse à changer de Constitution ?

Indéboulonnable depuis l’indépendance du Zimbabwe, Robert Mugabe n’est pas en conflit avec la Constitution à son image et à l’image à lui seul, qui lui obéit comme nulle part ailleurs. En 32 ans de règne, tata Mobutu a 17 ( ?) fois modifié la constitution du Zaïre. Joseph Kabila compte à son actif une révision, et une prétendue tentative avortée. Denis Sassou-Nguesso à Brazzaville tient une gomme, Paul Kagame n’a plus de doute sur la réalisation de son ego. Et déjà, en père des présidents fondateurs, Kadhafi n’avait que faire de la Constitution ! Un bouquin lui suffisait pour diriger la Libye : « le livre vert ». N’en déplaise aux jaloux, mais Faure Gnassingbé lui aussi n’envisage pas de modifier le testament de papa : une Constitution à mandat infini !

Source: REUTERS/Thomas Mukoya
Source : ivoiriebusiness.net

Constitutions testaments

Égoïsme et moquerie, aux pays où l’on se tue comme dans la jungle, la jungle même… à peu près l’image de l’Afrique. Voilà que les combats autour des mandats interdits et modifications des constitutions qui les sous-tendent ne devraient pas améliorer l’image de l’Afrique. Des constitutions qui sont des testaments en réalité, du moins, dans la tête des papas présidents dont les volontés s’exécutent, comme Dieu le Père : sur la terre et dans le ciel ! S’ils ne les modifient, alors ils les interprètent comme ils l’entendent : parce que légitiment, auteurs de ces testaments !

Des testaments, les constitutions sont alors charcutables, falsifiables, caviardables et même censurables ! Et donc, les parlementaires sont des notaires, tout comme les cours constitutionnelles ! Qu’est-ce qu’un notaire sans celui qui conçoit et signe un testament, en effet ? Qu’est-ce qu’un député, un sénateur sans le président qui peut dissoudre le Parlement quand il le veut ? En plus, ce n’est pas l’Etat qui paie les parlementaires, même chose pour la justice : mais le président fondateur. Qu’est-il enfin de l’Etat, sans son fondateur ?

Le dauphin du président, futur président fondateur ?

Et si jamais il a plu à un Jakaya Kikwete de ne pas entrer dans le sacrosaint carré des présidents fondateurs, en se choisissant un dauphin, le futur président de la Tanzanie, il a fait son élection avant les élections ! Tant mieux, si cela évite ce qui s’est passé à Ouagadougou,Kinshasa et Bujumbura… Mais pareille convenance signifie absence des primaires au sein du parti, parfois même absence de débat. Alors, ce n’est pas du tout loin de l’alibi de Nkurunzinza pour s’offrir le mandat interdit : il n’a eu que deux mandats. Il met ainsi un trait sur sa présidence fantoche (la première), alors sous la tutelle d’Hussein Radjabou qui a fait de lui un « dauphinage »!

Source: https://www.libreafrique.org

Soyons sérieux ! Que les constitutions soient devenues des testaments ou soient traitées comme tels et croire qu’on est en démocratie, c’est sans doute une comédie de basse teneur, et triviale. Et s’il y avait comme à l’heure d’Ebola, un virus qui cause le 3e mandat ? Je parie que ce virus devrait alors s’appeler effet Mugabe, indéboulonnable : président contre vents et marres ! L’idée fait mouche, même parmi les démocrates à  l’opposition !

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