Madame, la poste est morte dans mon pays
La poste congolaise, anti-thèse d’une communication vite, rapide et confiante, bref le contraire du numérique, c’est normal. Normal aussi qu’elle disparaisse. Le monde en a encore besoin, cependant ! Pour un achat en ligne ou pour signer une pétition, vous rencontrez parfois cette case qui vous bloque : « code postal » ! Trois jours pour un colis, de la poste allemande à la poste de RDC, équivalent à huit mois de Kinshasa à Lubumbashi, en intra-poste. Et ça, c’est plus rapide !
Ce n’est pas internet qui a tué la poste congolaise (RDC). Un éditeur laisse ces mots dans ma boîte de réception sur Facebook, en 2011 : « Nous pensons que votre texte pourrait intéresser. Nous pouvons le publier comme livre si cela vous intéresse ». La réponse est « Oui ! » Amendement du texte, envoi par email, virement bancaire… tout se règle en ligne et c’est vite. C’est le numérique, et le bouquin parle exactement des mutations culturelles induites par le numérique à Lubumbashi.
Délai d’un colis postal : parfois un an ou plus
Huit mois sont passés, et rien. Chaque jour croissait en moi la peur de l’imposture. « Et moi qui ai parlé aux gens sérieux, et même à l’Université ! » Plus d’espoir, ça ne servait à rien d’acculer l’éditrice qui en plus avait envoyé (encore vers la même poste!) un second lot de livres. Mais, « Madame, la poste est morte dans mon pays », je vous l’ai bien dit !
Transaction de poste à poste. Ce n’est pas une bonne nouvelle. De Sarrebruck, en Allemagne, avec la Deutsch poste, les livres parviennent en 3 jours. De Kinshasa à Lubumbashi, il faut 8 mois. Et c’est vite parti ?« Dans votre pays, il arrive que le colis mette une année, voire deux, pour arriver » prévenait l’éditrice allemande. Oh, la modernité ! Quelle révolution !
Une poste désorganisée
« Je suis arrivé à Kinshasa, c’est normal qu’un petit colis de livres se perde dans le désordre que j’ai vu dans la salle des colis », expliquait mon frère envoyé sur place. Des colis jetés pêle-mêle. La poste elle-même semble ne plus compter , en RDC. C’est un des services qui consomment et ne produisent pas du tout. Non pas parce que les Congolais détestent la poste, mais parce que celle-ci ne rassure plus. Les sociétés de transport prospèrent ! A Lubumbashi, la poste a transformé une partie de son bâtiment en marchés[1] de téléphones.
La poste est là malgré tout
Deuxième expérience, cette fois, c’est sans doute différent. Un deuxième livre aux éditions universitaires européennes. Cette fois, pas de virement bancaire, mais une MasterCard et un paiement en ligne, eBuy ! Pas déjà mal. Adieu alors code postal ? Pourtant, sur Goolge Analytics, il m’est encore exigé pour valider les paiements, pour la publicité sur un blog. Près d’une année, le code Google Analytics envoyé par la poste n’est jamais arrivé.
Mais quelle aventure, payer avec une carte sur internet ? Je n’ai pas arrêté de poser des questions, et très peu cependant pouvaient, avec pertinence, partager leur expérience d’achat sur le net : jusqu’à la moitié de mon banquier ! De ce côté-là, Lubumbashi c’est encore un gros village ! E-Commerce, ça ne connaît pas.
[1] Il y en a plusieurs tenus généralement par les Chinois avec des téléphones bon marché !
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