Quand le chemin de fer devient une mine de cuivre à Kolwezi

Article : Quand le chemin de fer devient une mine de cuivre à Kolwezi
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17 octobre 2015

Quand le chemin de fer devient une mine de cuivre à Kolwezi

A Kolwezi, dans le Katanga, des exploitants miniers artisanaux (creuseurs) sont sur le chemin de fer depuis l’an dernier, à la recherche du cuivre. Les creusements ont lieu même à la gare centrale du district de Kolwezi.

La rechercher de cuivre sous le rail à Kolwezi
Des creuseurs sur le chemin de fer à Kolwezi (RDC). Août 2015, Capture d’écran

Les creuseurs sont souvent des jeunes gens, mineurs et adultes. Avec bêches, tamis et sacs en main, ils recherchent du « vert d’eau », un concentré de cuivre. Des « débris » de minerais tombés le long du rail, jusqu’en début des années 90, lorsque la SNCC (Société nationale des chemins de fer du Congo) assurait le transport des minerais produits à la Gécamines.

« Les conditions économiques précaires et le manque d’emploi pour des jeunes poussent plusieurs, depuis 2014 (lorsque démarre « la ruée vers le rail »), à fouiller sous le chemin de fer », explique un agent de la SNCC.

Les creuseurs ne craignent que la caméra

A une centaine de mètres du bureau du directeur régional, des enfants creusent à côté du rail, et sous le rail. Personne ne bouge au passage d’un cheminot. Il ne leur adresse pas non plus un seul mot. Et lorsque s’approche notre caméra, ils s’enfuient avec leur butin et lancent des injures. « Ils ne craignent que la caméra », explique l’agent.

Un peu plus loin, deux adultes ont apporté tamis et bêche, et creusent également. Ils se cachent, eux aussi, à l’approche la caméra et lancent des pierres. Difficile de remarquer la présence d’un seul agent du corps de garde de la SNCC. « Nos agents sont avancés en âge. Vous savez que l’âge minimum à la SNCC est de 55 ans », explique Barthélémy Chiyaz, délégué syndical de la direction de Kolwezi.

Le pouvoir public ne sécurise pas le rail à Kolwezi

Le week-end, les creuseurs sous le rail arrivent en grand nombre. Le député provincial Clément Mufundji dénonce « l’indifférence des autorités » qui insinue, selon lui, des complicités.

« Ce dossier ne date pas d’aujourd’hui. J’en ai même fait l’écho à l’assemblée provinciale du Katanga. Quelle est la source de l’indifférence de l’autorité locale (la mairie) : est-ce que c’est une négligence ? Est-ce que c’est une complicité ? Puisque le grand rôle qu’ils ont à jouer dans cette ville c’est de protéger les personnes et leurs biens. »

Pour mettre un terme à ces fouilles sous le rail, « il faudrait que l’autorité urbaine et la police prennent des mesures fermes et fassent leur travail comme il se doit » estime le député. La maire de Kolwezi n’a pas voulu réagir à ce sujet. Pour un cheminot, « il ne suffira que de peu de temps » pour que les choses changent, si les politiques le veulent.

Vous pouvez regarder cette vidéo en suivant ce lien.

Des creusements plus graves encore sous le rail dans les environs de Kolwezi

Les creusements sous le chemin de fer ont lieu à plusieurs endroits, jusqu’au tunnel en face de la gare. Mais aussi le long du rail, selon le député Clément Mufundji.

Des sources concordantes attestent cette affirmation et précisent les tronçons où le chemin est annoncé « dévasté » par des creuseurs, avec une présence des hommes en uniforme : Kawama et Kisanfu, Makala I et Makal II, dans les environs de Kolwezi.

En veilleuse depuis le début des années 90, lorsque chute et s’arrête le transport des minerais de la Gécamines par train, la Société nationale des chemins de fer du Congo (SNCC) peine à se relever.

Neuf nouvelles locomotives sont arrivées en juillet 2015 à Lubumbashi, principale ville de la région, avec l’ambition de relever la SNCC. Depuis, plusieurs ne roulent pas. « On attend du gouvernement le carburant », explique un cheminot. Un journaliste ironise dans une émission, « ils (les trains) rouleront sur les chairs humaines, comme à Katongola ».[1]

Avec des arriérés de salaire de 58 mois et un personnel démotivé, la société doit relever un autre défi et non de moindre. Le réseau vétuste et attaqué par des populations qui ne mesurent pas les conséquences des creusements sous le rail. Sans doute, le principal c’est de manger aujourd’hui.

[1] Allusion faite au grave déraillement de 2013 qui a tué une centaine de personnes, dans les environs de Kamina, dans le Katanga.

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