Terrorisme, la tombe de la solidarité africaine

Article : Terrorisme, la tombe de la solidarité africaine
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21 janvier 2016

Terrorisme, la tombe de la solidarité africaine

C’est peut être un pur hasard, mais pour plusieurs africains, les dirigeants africains, en tout la plupart, sont mal charitables. Alors que le Burkina Faso a été frappé par un meurtrier attentat terroriste, plusieurs gardent leur silence. Pas de solidarité « africaine chantée », attendue, pas même des condoléances.

Discussion entre amis, sur le soutien ou non « des autres » lorsque l’Afrique est frappée. J’ai préféré, pour ma part, m’occuper des africains. En janvier 2015, un attentat terroriste frappait Paris, à Charlie Hebdo. Des chefs d’Etats africains s’étaient empressés d’être Charlie. Qu’il faisait commode de l’être, en effet ! Mais quelle implication ? Rien d’étonnant. Pendant ce temps-là, les africains ordinaires tirent de leurs menues bourses, papier et crayons ou payent leur connexion Internet pour dire leur refus de la terreur : #JesuisCharlie, #PrayforParis, mais aussi (faiblement !) #JesuisGarisa. Les dirigeants africains, eux, tirent des budgets hybrides (des bourses menues et des aides européennes), et passent de longs coups de fil ou payent l’avion pour flatter François Hollande et faire leur publicité mondiale.

Plus de solidarité africaine pour l’Afrique

Il y a des choses qui ne tournent pas bien dans la solidarité africaine des dirigeants. Et dans la nôtre, citoyens ordinaires et blogueurs crieurs ? – J’ai twitté toute la soirée de l’attaque de Splendid hotel. Et c’est tout ? Vous rigolez ! Oui, en effet. Nos taxes et impôts devraient servir aussi à cette solidarité. Et puisque cela semble ignoré, c’est un rappel ! C’est ce que font aussi « les autres ». Les européens qui interviennent au Mali sortent d’abord leur sou.

Hotel Splendid
Source: France bleu

On ne compte plus les « anti-néocolonialistes » ou « anti-impérialistes » tirant à hue et à dia. Mais combien, face à l’épreuve, mettent la main à la poche ou endossent la tenue de combat, comme Paul Bya, après coup, pour stopper Boko Haram ? En Afrique prétendument de solidarité, le discours est silence lorsqu’il faut de l’argent pour la paix ! Oui, une spirale du silence qui finit par enliser l’espoir de toute fraternité africaine.

Trois exemples pour dire incapacité de faire preuve de courage et de solidarité :

  1. Ebola frappe l’Afrique de l’Ouest. L’affaire est quasiment abandonnée à la sous-région, même si l’Union africaine entre en dance un peu plus rapidement que des Etats. Et le monde accourt pour sauver l’Afrique, comme un éternel bébé !
  2. La Lybie brûle depuis la mort de Kadhafi. Bien entendu, une situation qu’aucun pays africain n’a provoquée. Mais Aqmi, Boko Haram, etc. sont là et menacent désormais tout le monde. On préfère mourir qu’anticiper et prévenir.
  3. À Paris, enfin, après Charlie hebdo ou Bataclan, en précipitation, la solidarité africaine apparaît ! Oui, il fallait être là : belle publicité, et ça fait plus à la mode de se dire anti-terroriste, de même qu’il faut aujourd’hui être un peu bio dans son discours !

La solidarité africaine n’est pas présidentielle

C’est important de montrer sa solidarité auprès de ceux qui ont déjà les moyens d’assurer leur défense. Mais cela ne fait ex abrupto des solidaires. Avec ou sans aide africaine, la France, l’Angleterre, etc. peuvent s’attaquer au terrorisme. Et donc, ici,  la vraie solidarité, pour les africains, c’est soutenir les voisins en péril, fragiles désireux d’aide : Mali, Burkina. Du coup, la terre de la solidarité se définit clairement, pas en Afrique ! De toute façon, faut-il attendre quelque solidarité des pays africains où des citoyens meurent dans une prise d’otage, mais la télévision nationale montre un documentaire sur les hauts faits du président fondateur ?

Face au terrorisme, on ne se tait pas

Face au terrorisme, on ne se tait pas. Ça marche un temps, mais l’histoire finit par vous rattraper. C’est bien une dangereuse stratégie qu’adoptent les Etats africains. Si l’on devrait considérer que les islamistes ont besoin de bâtir un califat ou un Etat théocratique, basé sur la charia, ils frapperont où c’est vraiment faible. Même chose si l’on ne considérait que la seule volonté de terroriser. Et, où c’est faible, en Afrique, c’est presque partout ! Et là donc, c’est globalement tous les Etats africains qui devraient se souder les coudes et mettre en place une vraie politique commune contre le terrorisme. Voir longtemps le Kenya souffrir du terrorisme, seul et sans aide des puissants, est bien une triste expression de solidarité africaine.

Burkina et Ouagadougou, vous avez compris que l’Afrique c’est avant tout vous-mêmes. Oui, ne comptez pas sur la solidarité africaine présidentielle. A Tombouctou ou à Garissa au Kenya, c’est la même leçon : comptez sur vous-mêmes. Ici, la fraternité ce n’est pas face au terrorisme. L’Afrique des palais présidentiels n’est pas africaine.

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Commentaires

Salaud
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J'avoue que je suis resté sur ma faim. Deux choses :

D'abord, les états africains n'ont pas les moyens de lutter contre le terrorisme. Les armes coûtent chères, nos armées n'ont pas des forces spéciales (en tout cas bien entraînées), et c'est pendant qu'on cherche à réduire le budget des forces armées que l'insécurité frappe à la porte.

Ensuite, la coopération militaire (les états-unis et la France essentiellement) en Afrique n'est plus vraiment d'actualité. Récemment un projet mis en place entre le Mali, Sénégal, Niger avec les américains pour la formation militaire est tombée à l'eau. Très souvent parce que l'immixtion dans les affaires militaires africaines (qui sont elles mêmes pas très claires) est mal vue.

Dans les deux cas là donc, si des efforts sont faits, il y aura déjà de grandes avancées pour repousser le terrorisme

Didier Makal
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Merci Vince. En voilà des exemples! C'est vrai, France et USA finissent par lâcher la coopération militaire. c'est là que l'Afrique devait prendre conscience de ses devoirs! plutôt que d'espérer en ces pays. nos États ne peuvent pas manquer des moyens pour payer les armes. il suffit qu'on arrête un peu la "gabie"... la gabegie financière. merci pour la contribution