L’étonnant optimisme des camerounais sur Paul Bya

Article : L’étonnant optimisme des camerounais sur Paul Bya
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24 avril 2016

L’étonnant optimisme des camerounais sur Paul Bya

Le Cameroun sur lequel trône Paul Biya depuis voici 34 ans, vit une exception. Une exception singulière (lourdeur ?), en pleine Afrique centrale qui rivalise de mandats interdits par les lois fondamentales et victoires par K.O. aux élections.

Pays atypique dans cette Afrique, je le crois bien, le Cameroun ne connaît pas assez d’agitation au tour de l’alternance au pouvoir, c’est-à-dire, la succession à Paul Biya. Pourtant, des plus présents et actifs sur les réseaux sociaux, les jeunes camerounais parlent de tout, et assez moins ou pas du tout de politique.

Cette observation que j’ai faite de mon Congo natal, je suis venu la confirmer à Yaoundé, capitale du Cameroun où au-dessus du footballeur Samuel Eto’o et la passion du foot, règnent un dieu unique : Paul Bya !

« Laissez tranquille Paul Biya. Nous, on ne s’occupe pas de lui », explique un ami.

Sans faim, pas de bruit

Dans les rues, je décide d’interroger quelques personnes qui affichent ce même sentiment. Le camerounais paraît tranquille chez lui. « Il a sa nourriture, il cherche l’argent pour sa bière, explique un journaliste, tout sourire. Le lendemain, il reprend encore le cylce. »

Et la vie continue. La politique intéresse peu plusieurs camerounais, les jeunes en majorité. Mais l’image qu’ils en ont est négative, témoin d’un dépit et d’une lassitude pour un régime qui n’en finit pas et ne tient plus qu’à un seul fil : la volonté du président de la République. Mais ils semblent ne pas le détester, cependant.

« Vous pouvez faire tout ce qu’il vous semble bon, au Cameroun. Mais ne touchez pas à Paul Biya », commente François.[1]

François poursuit que « le président n’est pas prêt à lâcher le pouvoir par et pour lequel il vit. » Les camerounais ayant compris cette réalité, préfèrent le laisser seul, « tant qu’il leur garantit la bouffe et la bière », commente le jeune de Yaoundé, on ne peut plus caricaturiste. Un autre ajoute que personne n’est prêt, parmi les investisseurs étrangers, à soutenir une contestation du régime qui risque d’aboutir à la mise en danger des investissements locaux et étrangers considérables. Il ajoute enfin, que le secret du deuxième président du Cameroun tient peut-être au fait qu’il a su garantir la nourriture à son peuple.

Optimistes, Paul Biya quittera le pouvoir croient les camerounais …

Mais ce qui me frappe, c’est surtout l’optimise, à la limite du sarcasme, qui anime mes interlocuteurs camerounais. Ils savent qu’un jour, Paul Biya partira, sans arme ni pneus des voitures brûlées sur les routes. Ce jour-là, est celui du décès de l’éternel président camerounais. « Laissez-le mourir au pouvoir. Nous n’avons pas besoin de problème  », commente François.

C’est une jolie idée, au-delà de tout risque de naïveté, dans la mesure où cela évite le désordre. Seulement, après Biya, plusieurs camerounais pensent que les leaderships longtemps étouffés vont s’affronter. Personne ne sait comment ni ce qui arrivera. C’est arrivé dans plusieurs pays où des présidents ont eu de longs règnes.

[1] Le nom a été modifié.

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