Pour que Patrick Kimpenda repose en paix

Article : Pour que Patrick Kimpenda repose en paix
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10 juin 2016

Pour que Patrick Kimpenda repose en paix

Un innocent a été tué à Kinshasa, le 1er juin 2016. Patrick Kimpenda Numbi était un citoyen comme il n’y en a que trop peu : il avait compris le sens de fraternité et de servir. Oui, servir autrui comme maxime de sa vie, c’est là que résidait l’humanisme de ce jeune blogueur de 29 ans mort en défendant un passager malmené.

Le 1er juin, Patrick Kimpenda Numbi a pris place à bord d’un bus Transco, la Compagnie publique de transport. Le jeune homme part de Kinkole, dans la commune de la N’sele, pour Matete, chez lui. Il n’arrivera pas chez lui, hélas ! Sa famille l’a retrouvé à la morgue, au lendemain.

Patrick a été tué pour avoir défendu un passager plus pauvre que lui, qui n’avait pas payé les frais de transport du trajet. Comme à l’accoutumée, le passager a dû essuyer insultes et humiliations de la part des convoyeurs. Les convoyeurs congolais n’ont pas que des habits sales : leur bouche et leur cœur le sont tout autant, en règle générale ! C’est donc à eux que Patrick Kimpenda a eu affaire lorsqu’il a pris la défense du passager. Les convoyeurs l’ont tabassé et ne se sont arrêtés que lorsqu’ils l’ont vu mourant, l’abandonnant dans un hôpital quelques instants plus tard. Fin d’une histoire, fin d’une vie, fin tragique d’un jeune de 29 ans, licencié en économie en 2014.

Les intouchables de Kinshasa

Jamais Patrick n’aurait imaginé qu’il subirait le martyre en pleine capitale congolaise, chez lui, traité comme dans une jungle. Hélas, c’est cela aussi Kinshasa, ville où pullulent des ultras, protégés lorsqu’ils doivent chanter et défendre des politiques, traqués lorsqu’ils ennuient les plus forts ! Les services publics étant divisés entre partis politiques, c’est à ces jeunes dangereux qu’on donne parfois des emplois que les clercs et les moyens des partis ne peuvent assumer.

Voilà enfin à quoi servent les ultras qui passent de chantres des partis politiques à employés de l’Etat. Des employés d’un service public qui se délecte de violence, jusqu’à ce que mort s’en suive, comme s’il n’existait pas de justice. Et nous qui croyions que les bus Esprits de vie du gouvernement avaient enterré les piteux Esprits de mort… Non ! En RDC, lorsqu’on débaptise une pratique, on appelle cela un changement, sans s’occuper de ce qui les animent.

Imposer le silence, puis oublier

Le meurtre de Patrick Kimpenda allait rester silencieux et ses proches ne l’auraient pas su s’ils n’avaient rencontré un agent de l’ordre ayant signalé sa mort. Le silence a d’ailleurs continué jusqu’à ce qu’alertée par les blogueurs et amis de la victime, Radio Okapi (média onusien) en parle dans ses informations. D’après nos sources, un avocat de Transco a même osé faire libérer clandestinement des jeunes arrêtés dans le meurtre de Patrick. Grâce à la vigilance de la famille et des amis de la victime, un avocat a obtenu du procureur la détention préventive des présumés meurtriers, agents de Transco.

Même si certaines autorités n’ont plus les capacités humaines pour percevoir les cris des humains, pour Patrick, nous demandons non pas une sensibilité, mais la justice. Cela apaiserait au moins les cœurs échaudés, et calmerait sa famille et ses proches. Patrick ne reviendra plus, il ne servira plus personne, malgré son grand cœur. Mais punir ses bourreaux permettra de passer un message de fermeté à tous ceux qui se croient investis d’un pouvoir ultra-national pour se substituer à la justice, parce qu’ils peuvent être protégés, même après des arrestations pour meurtre et avant que justice ne soit rendue. Que la justice punisse ses bourreaux, agents de Transco, et alors, Patrick Kimpenda reposera en paix !

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