Violences sexuelles, arme de honte en RDC

Article : Violences sexuelles, arme de honte en RDC
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20 juillet 2016

Violences sexuelles, arme de honte en RDC

Violences sexuelles, une honte sans précédent en RDC ! Mais elles auront, hélas, marqué le début du 21e siècle congolais ! Sans doute, elles sont la résultante des violences armées qui secouent le pays depuis 20 ans. Alors que la loi sur les violences sexuelles célèbre ses 10 ans le 20 juillet, le bilan de la lutte me paraît négatif et est dominé par une surenchère politique, la honte et les humiliations.

Entre 2001 et 2006, les violences sexuelles exaspèrent les humanitaires, en particulier la Communauté internationale et la société civile, notamment du Kivu. C’est ainsi que la loi sur les violences sexuelles est promulguée, après un bon séjour dans les tiroirs, sans explication. Juillet 2006, c’est en pleine fièvre électorale. La présidentielle historique que va remporter Joseph Kabila, quelques mois après, se prépare.

Les surenchères congolaises sur les violences sexuelles

La loi promulguée jouit d’une grande publicité, parfois exagérément : il faut, en effet, en ce temps électoral, dire aux milliers de femmes violées et humiliées, que l’État est avec elles, déterminé à en finir avec les violeurs. Mais jusqu’où ira-t-on dans ces efforts ? Les élections passées, les humanitaires et l’ONU vont dénoncer mais il y aura moins de mobilisation du pouvoir public et plus encore de viol comme arme de guerre.

Il restera néanmoins, de ce temps de propagande, le courage de dénoncer les violences sexuelles. Une première, des victimes sortent du silence ! Jusqu’ici, en effet, les congolaises qui ont subi les violences sexuelles avaient toutes les bonnes raisons de cacher leur malheur, écrasées par des coutumes protectrices des violeurs notamment (à cause des tabous), et la peur des regards rieurs. Le viol, en effet, atteint la communauté, non pas la victime seule.

De Goma à Lubumbashi : le viol une arme de guerre

A Lubumbashi, à quelques milliers de kilomètres de Goma et de Bukavu où le viol est pareil à une kalache, le viol atteint même des enfants de moins d’une année. La société explique ces horreurs par des rites mystiques. Ils rendraient célèbres ou riches, les auteurs des viols : « Plus les gens s’indignent de l’acte et parlent du violeur, plus son succès augmente », explique un homme. Mais on enregistre aussi des viols devant des familles réunies.

Pendant ce temps, des fausses affaires de viol sont aussi signalées à Lubumbashi. Des récits devenus populaires expliquent que des familles ont fait de fausses dénonciations de viol dans le but d’exiger des accusés de l’argent. Sur-mobilisés, en effet, les tribunaux ont parfois relâché leur rigueur au sujet des cas de viol. Vous êtes accusés de viol, dites-vous que les dés sont jetés durant cette période de 2006 à 2010 dite de « tolérance zéro sur le viol ». « Certaines personnes ont été condamnées sans avoir été vraiment jugées, parce qu’accusées de viol », s’indigne un juriste.

Dix ans après, l’impunité et la honte

Dix ans après, au 20 juillet 2016, la RDC reste parmi les pays où le viol continue honteusement son ravage. Certes, les violences sexuelles ont diminué d’ampleur (pdf), des sanctions ont été prises contre des soldats accusés de viol. Mais beaucoup de responsables des violences sexuelles circulent encore librement dans les Kivu, dénoncent les humanitaires.

Des femmes humiliées, des familles disloquées, et un pays autrefois classé « capitale mondiale du viol »… Notre société semble ne pas en faire assez pour en finir avec ces violences de la honte qui nous collent à la peau. Dr Mukwege le chirurgien se décrit comme « l’homme qui répare les femmes ». Elles vivent avec la peur au ventre. Le seul pêché c’est d’avoir osé porter plus haut la voix des victimes des violences sexuelles et d’exiger des changements.

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