Critiquée, pourtant on a encore besoin de la Monusco

Article : Critiquée, pourtant on a encore besoin de la Monusco
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16 février 2015

Critiquée, pourtant on a encore besoin de la Monusco

Ouf ! Voilà une crise de plus dans la crise en République démocratique du Congo. Un véritable quiproquo qui profite aux FDLR.

Des casques bleus de la Monusco. Source: clubunescontchenko.wordpress.com
Des casques bleus de la Monusco. Source: clubunescontchenko.wordpress.com

La sortie du président Joseph Kabila dimanche 15 février m’inspire ce questionnement : comment peut˗on devenir si influent que la Monusco et si influencé que la RDC au point que depuis peu, le chef de l’Etat congolais a décidé de dire ses quatre vérités à la communauté internationale ? Kabila n’accepte pas que l’on parle de son pays comme s’il était sous tutelle de quelque puissance que ce soit.

Joseph Kabila au créneau

Kabila est jaloux de son indépendance, il le redit depuis un certain temps sans mâcher les mots. En décembre 2014, il disait accepte des suggestions, des conseils et « jamais des injonctions », avant de noter que le peuple auquel il appartient n’est pas n’importe lequel ! Un  peuple, avait-il fini par illustrer, identifié aux héros de l’indépendance et de la lutte pour l’émancipation des congolais. Entre temps, déjà, la Monusco avait reçu l’appel à se prépare à partir en réduisant ses effectifs militaires.

Mais voilà que seulement un mois après, en janvier 2015, tout le monde veut dire des choses sur les élections, en exigeant un calendrier global des élections, des comptes sur les marches contre la révision de la loi électorale, le respect de la constitution, … Comme si cela ne suffisait pas, c’est une Monusco qui dicte ses vues sur la traque des FDLR sur les chefs de l’armée choisis pour traquer ces rebelles rwandais. Ah oui, j’ai oublié de noter cette pression sur Kinshasa à propos de ces rebelles venus par la volonté de la même communauté internationale.

Question de politique interne

Joseph Kabila a donc décidé cette fois de monter lui-même au front. A son bureau, il a haussé le ton et prend ses responsabilités. Enfin, si on sait que cette Monusco qui a pourtant aussi une bonne histoire positive durant ses 15 ans en RDC, a moins bonne presse à propos de la fin des tribulations au pays. Seulement ici, les choses semblent aller autrement.

Ce n’est pas Kinshasa, mais la Monusco qui a refusé de marcher avec lui. La président Kabila réagit donc. La Monusco a refusé d’opérer avec deux généraux cités dans des violations des droits humains. Question donc que justice soit rendue. Mais hélas, la question des droits humains crée souvent controverse. « On ne parle pas de la corde dans la maison d’un pendu », dit un proverbe congolais, en effet.

Mais ce qui semble ignoré de plusieurs congolais c’est que la Monusco est en RDC par la volonté, mieux l’accord clair de Kinshasa. Durant 15 ans, elle a agi par moment avec un tel pouvoir qu’on ne pouvait douter de son entrée en politique intérieure. Elle traque des rebelles, elle érige des ponts, etc. Je ne crois pas que l’on reproche aujourd’hui à la Monusco de ne pas respecter son mandat en RDC. Si tel est le cas, elle ne serait pas à plaindre. J’estime que l’on devrait, pour tout changer, partir de la basse : la mission de cette institution. Si non, l’orage passera puis bing, ce sera encore la crise.

Confusions

Cela fait quand même beaucoup de pression et d’humiliation pour Kinshasa : d’un côté on demande que soient traqués les rebelles, de l’autre on conteste les personnes choisies par l’Etat. Car, il faut parfois savoir prioriser ce que l’on cherche. « Qui trop embrasse ma étreint » !

Tout le monde semble avoir à l’esprit l’affaire Bosco Ntaganda longtemps protégé alors que la justice internationale le cherchait. La paix promue a été malheureusement perturbée par le même personnage lorsqu’il sentait se resserrer sur lui l’étau. Mais Kinshasa pris par deux sentiments, celui de la crainte d’ébranler ses stratégies de cohésion au sein de l’armée en même temps que la révolte à la suite des pressions incessantes subies, râle !

En tout cas, ce nouveau quiproquo entre la Monusco Communauté internationale et Kinshasa profite aux rebelles rwandais qui restent calmes et peuvent trouver de nouvelles cachettes. C’est clair, dans pareil contexte, la traque ne devrait pas si tôt démarrer. Pendant ce temps, à l’Est du pays où plusieurs ont perdu la confiance en la Monusco, certains doutent de l’efficacité de cette traque sans la Monusco.

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