Moïse Katumbi à la croisée des chemins
Deux chemins s’ouvrent devant l’ancien gouverneur du Katanga Moïse Katumbi, et opposant à Joseph Kabila : l’exil et la prison. Du choix qu’il va opérer entre ces deux maux, dépendra son avenir politique en République démocratique du Congo. Katumbi, en effet, est candidat à la présidentielle prévue en 2016.
Le procureur général de Lubumbashi a décidé de ne pas poursuivre avec les auditions de l’ancien gouverneur du Katanga, accusé de recruter des mercenaires. Accusation portée par le ministre de la justice Alexis Thambwe, qui a aussi ordonné les enquêtes (lire Le Soft International). Le procureur a donc renoncé à la confrontation des suspects dans cette affaire, notamment l’américain Darryl Lewis, présenté comme le cerveau du mercenariat imputé à Katumbi. Ce dernier nie toutes les accusations et explique que Darryl Lewis travaillait pour sa sécurité.
Katumbi doit choisir entre la peine de mort et la prison
Le plus intéressant, c’est de considérer l’optimisme du procureur qui inculpe Moïse Katumbi d’atteinte à la sûreté intérieure et extérieure de l’Etat : il laisse libre le prévenu, actuellement malade, de se faire soigner à l’étranger ou en RDC. C’est sans crainte de fuite, et pour celui qui veut vraiment juger et faire appliquer la justice, ce laxisme étonne.
Une fois en exil, revenir au pays pour le candidat à la présidentielle équivaudrait à aller directement en prison. Le procès qui l’attend sera une simple formalité : le gouvernement se montre déterminé à obtenir sa condamnation.
Les faits imputés à Moïse Katumbi sont punis de mort, d’après le code pénal congolais. Il faut être suicidaire pour revenir chez soi dans un tel contexte. Le mandat d’arrêt provisoire du procureur dit en d’autres termes : Moïse Katumbi, sauve-toi et oublie ta candidature à la présidence.
Mais l’exil est aussi suicidaire que le retour au pays ou le refus de l’exil. A coup sûr, il annihilerait tout espoir de participer à la présidentielle, pour Katumbi. Il ne contrôlera plus rien sur le terrain, il n’inquiétera plus personne et sera présenté comme un fugitif, ayant peur de la justice parce que coupable.
Moïse Katumbi, meneur de jeu
Quoi qu’il en soit, le meneur de jeu, dans cette affaire, c’est Katumbi lui-même. Président du Tout-Puissant Mazembe, le célèbre club de football basé à Lubumbashi, il comprend bien ce que cela veut-dire mener un jeu. C’est ce que veut dire le choix que lui laisse le procureur. Va-t-il marquer des buts, ou se limiter simplement à dribbler et développer son bon jeu, offrant des spectacles, comme il l’a fait durant les trois jours de son audience popularisée ? Il peut compliquer la tâche à Kinshasa mais aussi la lui rendre facile : tout cela dépend de la décision qu’il va prendre maintenant et après ses soins en RDC ou à l’étranger. Une condamnation en martyr devrait lui rapporter beaucoup de gains politiques, mais la question c’est comment se tirer de ces accusations graves ?
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