Consécration du journaliste Bob Rugurika au Burundi

Article : Consécration du journaliste Bob Rugurika au Burundi
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19 février 2015

Consécration du journaliste Bob Rugurika au Burundi

Non, ce n’est pas un politique qu’ils sont allés accueillir. Chômeurs, travailleurs, jeunes et vieux se sont massés le long de la route qu’a empruntée Bob Rugurika pour rentrer chez lui à Bujumbura, chez lui à RPA.

La foule devant le siège de la Radio publique africaine attend le retour de  Bob Rugurika, remis en liberté provisoire après, Bujumbura, Burundi, le 18 février 2015. Source: Rfi.fr
La foule devant le siège de la Radio publique africaine attendant Bob Rugurika, remis en liberté provisoire. Bujumbura, le 18 février 2015. Source: Rfi.fr

Son plus grand péché

En quoi notre temps est-il si différent de celui des rois d’Afrique qui ont colonisé leurs frères à peine sortis de la colonisation occidentale ? Un journaliste est entré en prison avec toutes les promesses pour le pire s’il ne livrait pas sa source, pour avoir diffusé un témoignage d’un homme qui s’est présenté comme envoyé assassiner trois religieuses en fin de l’année 2014.

Sans doute, il ne pouvait pas dire aux autorités aux abois qui lui a dit pareille chose, surtout qu’elles s’évertuaient à dire que l’assassin des religieuses était un déséquilibré mental. Oui, l’information que diffusait la RPA devait ébranler, déranger. Mais dans un Etat qui n’a rien à cacher, on n’a pas à rougir devant une contradiction. Par exemple, le juge devait reprendre ses enquêtes pour découvrir la vérité et ne pas à tout prix obtenir une source d’un journaliste qui, le sachant bien avant, ne peut pas être livrée. Une piste était donnée : un homme fort, un nom cité qui malheureusement est restée sans être inquiété.

Consécration

Rfi explique sur son site internet ce qui s’est passé ce jeudi :

« Ce que voulait éviter le pouvoir burundais est donc arrivé. Mercredi soir, la police a tout tenté pour emmener Bob Rugurika à Bujumbura de nuit. Mais le directeur de la RPA a refusé, craignant un attentat contre sa vie. Il a donc quitté sa prison de Muramvya, à une cinquantaine de kilomètres à l’est de la capitale, ce jeudi matin, dans un cortège d’une cinquantaine de voitures, sans compter des taxis-motos et des taxis-vélos, couverts de branches d’arbres vertes, symbole des uniformes des prisonniers burundais. »

Rugurika, qui pourrait peut-être un jour rejoindre sa cellule de prison s’il plait au prince, a eu une consécration qui sans doute va faire mal. Le courage a un prix. La vérité surtout rend justice. On a tenté de taire, d’étouffer ce qui s’est réellement passé. On sait au moins désormais que les autorités du Burundi doivent au monde, aux citoyens burundais et aux compatriotes italiens et congolais des victimes de ce massacre couvert des mensonges, ont droit aux explications.

Messieurs, avez-vous compris que jamais la liberté ne sera emprisonnée ? Le voilà libre et justifié le fils de la lumière, Bob Rugurika, ce journaliste qui croit avoir rendu justice à la vérité. Quel accueil ! Le peuple lui reconnaît aujourd’hui l’image d’un défenseur de la liberté d’expression, de la liberté de la presse. Et ça encore, vous n’avez pas toujours compris chers messieurs?

Le juge lui l’a libéré sous caution, le peuple souverain lui a dit l’inextricable au sujet de Rugurika. Quel exemple de l’aspiration des burundais aux libertés ? Elles ont simplement : liberté de penser, liberté d’expression, liberté de presse.

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