Monsieur le président du Burundi, laissez Dieu en dehors de tout ça
Ce n’était qu’un rêve : être président. Dieu n’a pas parlé à Pierre Nkurunziza, le président burundais attiré par un troisième mandat interdit et par qui le Burundi replonge dans une période d’incertitude.
Nkurunziza dormait donc, et comme quelques rares heureux, il a fait un rêve. Un rêve, ça ne se donne pas à n’importe qui, vous le savez. Ventre creux, par exemple, pas de rêve ! Par une grâce, car « tout est grâce » dit la Bible au président évangéliste l’ex-maquisard. Sa présidence est grâce ! Même son obstination à la « Vox populi vox dei », volonté de Dieu ? Bon. Sachez qu’il lui a dit un jour, le Bon Dieu, qu’il n’en a pas fini avec lui à la présidence. Elu une fois, élu une deuxième, c’est lui qui veut que reste là encore l’ex-rebelle FDD. En réalité, il se sent simplement élu une fois : au suffrage universel, par le peuple. Déjà une preuve d’une amnésie ! Monsieur oublie la série de coups d’Etat sans, le génocide, les rivalités ethniques qu’un rien peut réactiver, la longue guerre civile… on dirait que monsieur dans sa tête n’est jamais sorti de son maquis dans les collines, de la jungle. Maintenant qu’il s’est ouvert la voie à la CPI et qu’il sait qu’il n’est pas à l’abr du pire, peut-il encore mêler à son affaire son Dieu ?
Quelques problèmes sérieux dans la tête du président
Assurément, monsieur le président la bouche de Dieu devrait avoir quelques problèmes avec sa vie psychique. Etre cet être à qui Dieu parle et en même temps actionner une machine à réprimer « l’image de Dieu » (les manifestants pacifiques), des « dieux » même selon le Seigneur lui-même, on a du mal à croire en ce Dieu-là. Enfin, s’il est au moins ce Bon Dieu du catéchisme, de la Bible : compatissant, patient et appelant l’homme à la liberté. Le pentecôtiste aurait-il fermé le cœur à la voix de l’image de Dieu, des dieux même ? Dieu dit en effet aux hommes qu’ils sont des dieux. Comme certains pentecôtistes, la façade seule compte.
Peut-être aussi que monsieur le président obéirait à un Dieu propre à lui, un féticheur ou un type du genre. Cela expliquerait cette insensibilité à la raison et au bon sens par lesquels Dieu parle et se révèle ! Obéir aux esprits plutôt qu’aux humains, cela n’étonne pas et n’est pas nouveau. Des dirigeants du monde, les Africains, surtout, sont connus pour être des fidèles béni-oui-oui de leurs encadreurs spirituels et moraux. Non, ce n’est nullement affaire de psys comme vous l’imaginez tout de suite. Cela se passe au noir. Des marabouts, féticheurs, des chambres sans fenêtre ni éclairage où l’on meurt, on pourrit et au troisième jour on renaît des asticots. Oh non, vous lisez-là des âneries ? C’est une explication possible, anthropologique même, de l’insensibilité des dirigeants africains atteints du syndrome de Gollum. Demandez les histoires des insensibles en Afrique.
Laissez Dieu en dehors de tout ça
Comme Gbagbo, Pierre Nkurunziza fait croire que Dieu lui parle et le choisit. C’est du fantasme s’ils y croient vraiment. Et alors, ils doivent être placés en observation et en rééducation chez des psys. Ou au contraire, ils sont convaincus qu’ils mentent. Je parie que cette assertion est vraie. Parler de Dieu, c’est simplement tenter de s’allier des masses qui plus sont pauvres. Au plus fort de leur misère, ils se confient à Dieu avec l’espoir que demain ça ira, que Dieu fera d’eux des Job de la Bible. Entrer dans leurs églises ou lieux de prière, c’est simplement sociologiquement, et d’ailleurs en communication, leur dire qu’on est comme eux « pauvre » alors qu’on n’a que très peu de choses en commun : on n’a qu’à voir comment les visages des dirigeants fleurissent et les autres croyants sèchent ! Aller à l’Eglise au dans une mosquée et crier « alléluia », « Dieu », « Allah », « Jésus-Christ » ne suffit pas. « Même les démons le reconnaissent ». Laissez Dieu en dehors des folies.
Et donc, messieurs les présidents à qui Dieu parle savent qu’ils mentent. Et pour être punis de ce fait, ils sont déshonorés, humiliés. Probablement Nkurunziza a circulé pour sa dernière fois dans un avion présidentiel, dans une excursion drôle. Si au moins monsieur le président était normal comme Blaise Compaoré, il aurait démissionné de l’exil tanzanien. Mais hélas, comme un sourd, le revoici, et il peut encore rêver dans un pays où sans les ONG très peu de citoyens ne sauraient s’organiser.
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