Les gens adorent les fake news, sachez-le bien!
Les gens, et je le vis chaque jour en République démocratique du Congo, adorent les fake news. C’est en tout cas le moins que l’on puisse dire. Vous ne le saviez pas?
Les fake news, les rumeurs, et les manipulations, c’est un peu comme une tasse de thé ou de café bien tapée.
On en prend quand on en a besoin, et on recommence. Voilà la conclusion à laquelle, non pas désabusé, je suis parvenu.
Mais, je ne suis qu’au début de ce qui s’apparente, pour moi, à une recherche qui s’annonce longue. Avec un peu de grâce, nous finirons peut-être par un bouquin. Mais en attendant, … vous êtes-vous bien installé ? Karibu, bienvenue.
Ils célèbrent la rumeur à Lubumbashi
Un dimanche de mai 2020, une clameur qui monte de plusieurs quartiers de Lubumbashi, Ville du Sud de la RDC, m’arrache à un joli film que je regarde sur ma télé.
Je suis surpris d’apprendre, lorsque je recoupe plusieurs sources dans des groupes WhatsApp et au téléphone, que les gens célèbrent la rumeur.
Une histoire vraiment loufoque, qui fait que des centaines, peut-être des milliers de personnes en cette nuit tombante, célèbrent la fin du confinement.
Sauf que personne, parmi les personnes censées annoncer la fin du confinement, n’a pris une telle décision. Ni au niveau du gouvernement national, ni au niveau du gouvernement local.
Pourtant, il n’y a pas vraiment de confinement en RDC
Plus surprenant encore, c’est de constater que même si l’épidémie de Covid-19 propage de l’anxiété, il n’y a pas du tout de confinement. Avant, égale vraiment le « durant » le confinement.
Les gens se marient, en masse, et enterrent leurs morts en masse. Et ils ont même le temps de se réunir en masse pour jubiler une rumeur. Et c’est pareil partout au Congo, même à Kinshasa où se trouvent plus de 80% des contaminations. Ah, j’allais oublier de dire que seules manquent vraiment à plusieurs, les cultes dans les églises et les classes, pour les écoliers.
Il semble, curieusement, que tout serait parti d’une lecture erronée d’un déroulant diffusé sur une télé de Kinshasa.
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Digital Congo annonçait le début du déconfinement le 25 mai au Congo. Sauf qu’il ne s’agissait pas du Congo Zaïre, mais de l’autre Congo voisin. Pays où d’ailleurs le confinement avait déjà démarré lorsque ce média donnait cette nouvelle.
Mais, le plus étonnant, pour moi, n’est pas né là-bas. Cet événement n’a fait que confirmer mon constat selon lequel les gens adorent les rumeurs et les fake news.
Ils refusent la vérité, même preuve à l’apui
D’abord, j’ai plusieurs fois surpris des proches en train de savourer des rumeurs. En vain, j’ai essayé de les en délivrer. Ensuite, j’ai pu le constater dans plusieurs forums, sur WhatsApp.
Un jour, en 2019, d’anciennes images des Casques bleus de la mission onusienne en RDC réapparaissent sur les réseaux sociaux. Elles prétendent prouver que des onusiens ont été une nouvelle fois arrêtés en train de vendre les uniformes de l’armée de RDC aux groupes armés.
En vain j’essaie de convaincre un compatriote, qui vit en Afrique du Sud, que la nouvelle est fausse. Puisque je connais bien les images, qui datent de 2014. Des Casques bleus ukrainiens avaient justement été arrêtés avec les uniformes de l’armée congolaise dans des conditions inexplicables.
Beaucoup d’analystes y avaient vu une preuve de la duplicité des onusiens. Et y compris des membres du gouvernement de Joseph Kabila, d’ailleurs.
Les gens ne sont pourtant pas fous
Le plus étonnant, c’est que le Congolais d’Afrique du Sud a saintement refusé d’admettre qu’il diffusait une fausse nouvelle. J’ai eu beau lui présenter des liens des récits sur l’arrestation des fameux Casques bleus ukrainiens.
Une fois dos au mur, il a changé de discours, en s’accrochant à l’idée que même si l’histoire des images en question est ancienne, des onusiens jouent un double jeu au Congo. Mais là, c’était un autre débat, et j’ai refusé de le suivre.
Dernièrement, c’est un ami journaliste qui m’a conforté dans mon idée des fausses nouvelles qui font du bien à ceux qui en consomment. Ce factchekeur de première heure en RDC, m’a surpris par son constat.
Il m’a assuré que souvent, lorsqu’il publie des articles qui déconstruisent des fausses nouvelles, on l’accuse lui-même de mentir. Comme quoi, la rumeur ou la fake news a une peau dure à cuire.
Puisque quelques fois, certains internautes l’accusent de bosser pour les Blancs dominateurs, qui n’aimeraient pas les Africains.
Mais derrière ces histoires parfois vraiment incroyables, se cachent des vrais problèmes de société. Je cours souvent le risque de me quereller avec les miens en famille, en essayant de montrer qu’on est face à des rumeurs ou fausses nouvelles.
Savez-vous pourquoi les agissent ainsi? Prenez patience. Je reviendrai. Laissez-moi chercher encore. 😘👌
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